Par le Docteur Sophie Menkes

L’atrophie vulvo-vaginale est un trouble très fréquent. En majorité il est lié au processus naturel de vieillissement, particulièrement après la ménopause, due à la carence en hormones oestrogènes et autres stéroïdes sexuels.

Il ne s’agit pas seulement d’un problème touchant les femmes ménopausées, il faut également savoir qu’il concerne les jeunes femmes, par exemple après une chimiothérapie, un accouchement, ou une prise de pilule mal adaptée.

50 % des femmes ménopausée présentent au moins un de ces symptômes cliniques liés à l’atrophie vaginale et en sont affectées, en terme de qualité de vie, d’activité sexuelle. Cela reste pourtant un sujet tabou, les seuls traitements conventionnels en dehors des lubrifiants pour les relations sexuelles, et des crèmes sont le traitement hormonal substitutif, quand il n’y a pas de contre-indication, et les oestrogènes topiques.

Aujourd’hui on ne parle plus d’atrophie vulvo-vaginale mais du syndrome génito urinaire de ménopause : le GSM. C’est une association de symptômes et signes entraînant des changements au niveau de la vulve, du vagin, de l’urètre et de la vessie.

Les symptômes sont :

  • sécheresse vaginale,
  • brulures,
  • irritations,
  • baisse de la lubrification,
  • laxité,
  • gêne
  • et douleur.

La conséquence en est des infections vaginales, cystites, de la dysurie et de la dyspareunie. Les effets physiques de cette atrophie sont une réduction de la prolifération de l’épithélium, une réduction de la synthèse du glycogène, une élimination de la flore normale (Lactobacillus) à cause d’un pH qui devient trop élevé, une diminution de la vascularisation, tout cela entraine la diminution de la transsudation et des sécrétions vaginales.

La prévalence de la sècheresse vaginale varie entre 27 et 55%, la dyspareunie entre 32 et 42% et les infections urinaires entre 4 à 15 % chez les femmes ménopausées. Nous pouvons mesurer l’impact de ces symptômes avec deux échelles : la première est le score de Fridmann qui est un indice de sècheresse vaginale, et la deuxième est la Female Sexual Distress Scale- Revised qui mesure la souffrance morale des femmes. L’objectif de notre traitement est de régénérer la région vulvo-vaginale afin d’augmenter la vascularisation, la néocollagénèse, la régénération des nerfs et des tissus.

Le résultat attendu est :

  • hydratation et stimulation de la muqueuse vaginale,
  • restauration du trophisme tissulaire,
  • restauration de la flore bactérienne (Lactobacillus) et de la transsudation normale,
  • et la restauration d’un pH normal.

Pour cela nous avons divers outils à notre disposition comme l’acide hyaluronique, mais aussi le plasma riche en plaquettes (PRP), les lasers avec en particulier le laser Erbium que nous utilisons dans notre clinique et l’avenir avec la technique des Microfats et des Nanofats que nous avons développé depuis plus d’1 an.

Le PRP

Le plasma riche en plaquettes se définit comme la fraction plasmatique issue du sang autologue qui possède une concentration en plaquettes au dessus de la normale, et par conséquent représente une source concentrée de facteurs de croissance. Les plaquettes sanguines contiennent en effet entre 50 et 80 granules alpha par unité, chaque granule possédant plus de 30 protéines bio actives parmi lesquelles certains facteurs de croissance ayant fait l’objet d’études.

Ces derniers vont être injectés dans les tissus nécessitant la régénération. Les principaux facteurs de croissance sont le DG qui permet la prolifération et la migration cellulaire, la synthèse de collagène de type I et III, le PDGF qui permet expression et interaction avec d’autres facteurs de croissance et la prolifération cellulaire, le IGF I qui permet prolifération et migration cellulaire, la synthèse de la matrice extracellulaire et le remodelage et la synthèse de collagène. Le VEGF est un des plus importants puisqu’il permet la néovascularisation, l’angiogenèse, et l’augmentation de la perméabilité capillaire. L’EGF pour la prolifération cellulaire et le chemotactisme. Le BMP-12 pour l’augmentation de l’expression du collagène de type I, la stimulation de la fabrication du collagène et la multiplication des fibroblastes.

Après centrifugation du sang nous réalisons un comptage des cellules afin d’avoir la certitude d’un PRP de qualité, il est  généralement admis qu’il faut au minimum 200 000 plaquettes par millilitres pour avoir un PRP efficace.

Nous transférons le plasma riche en plaquettes dans des seringues de 1 ml. La réinjection se fait à l’aide d’aiguilles à mésothérapie 32G au niveau de la face postérieure et des faces latérales du vagin très superficiellement sur les deux premiers centimètres, nous injectons également le vestibule, les petites lèvres et les grandes lèvres si besoin.

Nous réalisons trois séances à un mois d’intervalle. Les résultats attendus apparaissent 15 jours après la 1ère séance et sont optimaux après la 3ème. Nous recommandons 1 séance tous les 3 mois en entretien.

Laser Erbium

Dans un deuxième temps si le PRP n’est pas suffisant ou si la patiente ne souhaite pas accéder à cette procédure, nous utilisons un laser Erbium : c’est un laser non invasif, non ablatif 2940 nm qui délivre des séquences d’impulsions de chaleur sur les muqueuses. Il produit l’infra-rouge optimal Er : YAG longueur d’onde 2940 nm. Il délivre une chaleur séquentielle contrôlée qui permet une bonne distribution de la chaleur dans les tissus.

Le laser Erbium est un laser non ablatif avec un effet photothermique. L’effet des lasers photothermiques sur les tissus résulte de la conversion de la lumière en chaleur, du transfert de cette chaleur et d’une réaction tissulaire liée à la température et à la durée de l’échauffement.

Les lasers ont une grande affinité pour l’eau tissulaire, le laser erbium à 2940 nm a une affinité 10 fois supérieure pour l’eau, le très court délai aboutissant à la vaporisation du tissu ne permet pas une diffusion thermique périphérique. Des séquences précises de chaleur sont délivrées dans les tissus afin d’obtenir un échauffement contrôlé du collagène dans les différents plans muqueux, sans surchauffer la surface.

Des études ont montré que le raccourcissement des fibrilles de collagène sans dénaturation irréversible de leur structure, demande des températures qui n’excèdent pas 60-700. Le collagène ainsi exposé rétrecit et se contracte dans un premier temps, puis un processus de remodelage et de néocollagénèse se met en place, on obtient à 6 mois un nouveau collagène qui permet de retrouver fermeté et élasticité des tissus.

Il existe quatre différents programmes :

  • Le premier programme est réservé au traitement de l’incontinence urinaire à l’effort qu’elle soit légère, modérée ou mixte. L’effet thermique est délivré avec précision sur le tissu des muqueuses de la région du vestibule et de l’orifice de l’urètre, ainsi que dans la zone de la paroi antérieure du vagin, la néocollagénèse et le remodelage permettent un retour à la continence normale. Pour la plupart des patientes 1 séance suffit, on peut refaire si besoin une 2ème séance 1 mois plus tard. 90% des patientes avec incontinence légère et 76% des patientes avec incontinence modérée n’ont besoin que d’une séance. A 1 an l’incontinence a disparu chez 95% des patientes. Les mesures par coton tige lors de la manoeuvre de Vasalva indiquent une réduction moyenne de 20° de l’angle du coton tige, confirmant les améliorations cliniques.
  • Le deuxième programme concerne le traitement du relâchement vaginal. Il consiste en un effet photothermique non-ablatif du canal vaginal. Le traitement repose sur l’effet thermique généré par le laser sur le tissu vaginal, stimulant le remodelage collagénique et la synthèse de nouvelles fibres de collagène.

Le résultat final de cette néocollagénèse consiste en un resserrement du canal vaginal. Le laser permet la délivrance d’une énergie sur la muqueuse vaginale et sur l’aponévrose pelvienne riche en collagène. Pour la plupart des patientes une seule séance s’est avérée suffisante pour obtenir un résultat significatif sur le canal vaginal. Si nécessaire une nouvelle séance est faite à 1 mois.

  • Le troisième programme pour le traitement du prolapsus des organes pelviens, utilise aussi les effets thermiques non ablatifs du laser Er : YAG 2940 mm pour stimuler la fabrication de nouvelles fibres de collagène et le remodelage de la région.

Le protocole inclus 3 étapes : traitement de tout le canal vaginal, traitement du mur antérieur, traitement du vestibule. En général 3 séances à 1 mois d’intervalle sont nécessaires.

  • Le dernier programme traite l’atrophie vaginale. Le traitement est basé sur les effets thermiques du laser qui entraine la stimulation du collagène et l’augmentation de sa synthèse. Il va stimuler l’angiogenèse, l’activité des fibroblastes grâce à une chaleur contrôlée. Le résultat final est un accroissement de l’épithélium, une revascularisation de la lamina propria, une restauration du taux de glycogène. 2 séances à 1 mois d’intervalle sont en général nécessaires, les effets positifs se maintiennent en général 6 mois, nous proposons de les maintenir en faisant 1 séance tous les 3 mois. C’est une grande avancée pour les patientes qui présentent des contre indications aux traitements hormonaux, en post chimiothérapie, ou après un accouchement … Ce sont des procédures non invasives, sans effet indésirable, indolores. Les résultats des scores de Fridmann et de la FSD-scale après PRP et/ou laser Erbium montrent une amélioration très significative des symptômes avec un bénéfice particulier sur la sècheresse, le pH et la dyspareunie. Les patientes retrouvent une hydratation de leur muqueuse suffisante, des sécrétions vaginales, les cystites et mycoses disparaissent, la laxité vaginale diminue, l’incontinence urinaire disparait également. Aucune complication, ni aucun effet indésirable n’ont été observés.

 

Il existe aujourd’hui de nombreuses manières d’obtenir la réjuvénation de la sphère intime, encore faut il que les femmes en soient informées et que les tabous tombent. Ce n’est pas seulement une histoire de femme, mais aussi une histoire de couple. La PRP et le laser Erbium offrent de bons résultats, et toute la sécurité nécessaire pour aider les femmes à retrouver le confort, la sérénité et le bien être qui n’aurait jamais dû les quitter.


Docteur Sophie Menkes 

Médecin Esthétique, Directeur Médical . l’institut Forever, Genève (Suisse), spécialiste en Gynécologie Esthétique, Médecine Régénérative et en Médecine Interne. Médecin formateur en AH et Toxine Botulique pour Allergan, Médecin formateur Ulthera et Cellfina pour Merz, Médecin formateur en Gynécologie Esthétique, Injection de graisse autologue et de cellules souches. Conférencier médical dans de nombreux congres internationaux.

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