Par les docteurs Mayoura Kéophiphath et Chloé Belles

Le tissu adipeux n’est plus perçu comme un simple stockage de graisse pour réguler l’homéostasie énergétique. Il est dorénavant considéré comme un organe en soi secrétant des molécules ou des adipokines qui peuvent à leur tour avoir un impact sur la biologie d’autres organes et tissus, y compris la peau.

Le tissu adipeux est divisé en fonction de sa couleur et de sa localisation anatomique. Le tissu adipeux blanc (TAB) qui constitue une réserve énergétique pour l’organisme est le plus abondant dans le corps humain alors que le tissu adipeux brun (TABr) joue un rôle thermorégulateur, il est surtout présent chez les nouveau-nés, et se résorbe progressivement avec l’âge. Le tissu adipeux beige, mélange des deux précédents, a été découvert depuis peu et représente désormais une nouvelle cible sur le marché de produits cosmétiques et de santé.

Le TAB est aussi réparti en deux types de graisses : graisse viscérale abdominale et graisse sous-cutanée (sc) plus généralement répandue directement sous la peau. Aujourd’hui dans le cadre du vieillissement cutané les chercheurs en biologie étudient davantage le rôle du TAB sc, et particulièrement celle de l’hypoderme rattaché au derme. Le vieillissement cutané est principalement marqué par l’apparition progressive des rides, un amincissement cutané et une perte de fermeté et d’élasticité. Le vieillissement cutané est accéléré par l’accumulation de facteurs exogènes comme le stress, le tabac ou l’exposition à la pollution et aux rayons ultraviolets (UV). Il est intéressant de noter que le TAB est une zone de prédilection pour le stockage des particules polluantes. Plusieurs études ont montré que les polluants organiques persistants (POP), hydrophiles et résistants à la dégradation, s’accumulent dans les tissus adipeux, à l’intérieur des gouttelettes lipidiques des adipocytes.

Même si le TAB joue un rôle protecteur en réduisant les effets toxiques graves des polluants sur le reste du corps humain, cette accumulation de TAB est une source d’exposition chronique de niveau faible et peut avoir des effets néfastes sur ses fonctions biologiques et métaboliques ainsi que sur des tissus et organes environnants.

Ainsi, toute modification de stockage de graisse, telle que la perte de poids, peut conduire à une libération systémique de polluants et pourrait provoquer des complications métaboliques et des modifications cutanées. On sait que les POP ont des effets pro-inflammatoires, prolipogènes et lipotoxiques. Ils sont également notoires pour ses effets négatifs sur la santé humaine comme la toxicité cutanée, l’immunotoxicité, la neurotoxicité, les troubles de la reproduction, la tératogénicité, la perturbation endocrinienne et une prédisposition au cancer.


Docteur Mayoura Kéophiphath 

Fondatrice et présidente de D.I.V.A. Expertise, laboratoire de recherche en biotechnologie sur le tissu adipeux humain.

Docteur Chloé Belles 

Chef de projet et responsable des études de recherche et de développement.

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