par le Dr Claude Le Louarn

À l’initiative de la Clinique Nescens Paris Spontini, le docteur Claude Le Louarn, spécialisé en Chirurgie Plastique Reconstructrice et Esthétique, s’est exprimé sur le regard qu’il porte sur son métier. Ni lame ni seringue dans l’arsenal des mots et des idées, mais une invitation au bonheur. 

Nous vivons une ère paradoxale où plus rien n’est naturel mais où tout doit le paraître, qui nous intime de donner l’impression de l’être resté et qui ne souffre aucune imperfection. Cette ère a libéré le corps mais donné le jour à un problème d’adaptation concomitant à l’allongement de la durée de vie.

Quand hier, c’était l’atavisme familial qui fabriquait une iden-tité propre dont chacun devait s’accommoder, aujourd’hui la civilisation de l’image induit que si on n’est pas physiquement « acceptable », on manque de crédibilité. Désormais, c’est la « carte de visite corporelle » qui prime sur l’héritage génétique et le challenge sera de faire le maximum pour être au mieux de soi, sans que le recours à la chirurgie esthétique soit visible. Cette carte de visite est devenue primordiale dans un monde où les critères de beauté sont élevés et presque impossibles à atteindre.

Que faire quand la plénitude esthétique naturelle se situe entre 20 et 30 ans, que l’on va vivre au-delà de 80 ans et qu’on n’a plus le droit d’être vieux ? Améliorer son apparence jusqu’à un âge avancé est possible, mais il est impératif de réviser nos critères pour accéder à une plénitude acceptable et confortable. Car à défaut d’être au top de l’esthétique, soyons au moins au top du bonheur ! 

Les canons de beauté ont beaucoup évolué dans le temps mais ont tous marqué leur époque (on peut dater une personne à sa « beauté chirurgicale »). Nous nous dirigeons désormais vers la beauté bionique, celle des corps recomposés, et même vers la beauté mutante et multi-ethnique : les fesses de la Brésilienne, les yeux de l’Asiatique, la bouche de l’Africaine, les seins de l’Américaine, les jambes de la Française et la minceur de la Suédoise. Une combinaison totalement inaccessible pour 99,9% de la population !

Ainsi la chirurgie esthétique pourrait traduire l’appartenance au groupe social que l’on vise et nous voyons les réseaux sociaux influencer de plus en plus de jeunes femmes très belles qui demandent à ressembler à leurs stars, sans comprendre que dans deux ans, elles aussi seront datées. Et tristes de l’être. Et que ce datage sera délicat à gérer chirurgicalement. Pour donner du bonheur avec un bistouri, il faut être sûr de soi et de sa technique.

Mais si on se place dans une optique de perfection ou d’immédiateté, l’intervention n’est sans doute pas recommandée. Les patientes doivent accepter cela, et également la notion de retouche qui fait partie intégrante de l’acte : dans 20% des cas, une deuxième intervention est nécessaire pour aboutir au résultat souhaité.

Mais quand 6 mois plus tard, une patiente dit « c’est plus beau que je ne l’aurais jamais imaginé », c’est que l’objectif a été atteint. La chirurgie esthétique occupe une place spéciale parmi toutes les autres car c’est la seule qui soit assortie de la notion d’ex-cellence visuelle, même si la perfection n’existe pas. Cette excellence fait d’elle la plus créatrice car elle dépend de l’idée et de la vision d’une personne. La motivation des chirurgiens n’est pas de rendre beau mais heureux. Ils sont des soignants dont le but unique est le bonheur, pour qui il ne s’agit surtout pas de fabriquer des personnes extraordinaires mais d’interpréter la demande des patients et de rester dans l’acte de soins. C’est pour cela que les procédures chirurgicales et de médecine esthétique doivent toujours avoir une longueur d’avance sur la connaissance que le public en a ou sur ses réticences. 

Le premier verrou est social : « je modifie mon apparence donc elle ne reflète pas mon âme». Nous savons pourtant que la modification positive de la morphologie entraine celle bénéfique du psychisme. Le deuxième verrou est matériel : « la chirurgie esthétique est le pré carré de gens socialement aisés ». Elle s’adresse à tout le monde, et surtout, le bon goût n’est pas une question de moyens. Les verrous religieux, pour leur part, sautent car les trois grandes religions sont en faveur de l’amélioration de la beauté à la condition que cela soit nécessaire au bien-être de la personne. Face à nos patients libérés de ces freins, notre seul but est que notre discipline progresse suffisamment pour que les modifi-cations réalisées ne soient plus repérables. Ainsi nos patients pourront assumer leur choix d’avoir modifié leur apparence, sans être ni critiqués ni mis en difficulté par les autres.

Et le jour où serait mise au point une pilule qui ralentirait vraiment le vieillissement, je deviendrais psychiatre et médecin du sport pour continuer la quête du bien-être : Anima sana in corpore sano. 

Dr Claude Le Louarn : Membre de nombreuses sociétés savantes, le docteur Claude Le Louarn est auteur et co-auteur de 46 études publiées. Passionné par la créativité en chirurgie esthétique, il a entre autres démontré que le vieillissement du visage est un processus avant tout dû à la répétition des contractions musculaires (Face Recurve® Concept) et non pas lié à la gravité.

http://www.lelouarn.net

http://www.facebook.com/CabinetDuDocteurLeLouarn

http://www.instagram.com/dr.claudelelouarn

 

Leave a Comment