Dr Khamzat Bekov et Dr Jean-François Bezot
« Un traumatisme psychologique dans l’enfance peut laisser une cicatrice génétique chez l’adulte. C’est ce qu’ont découvert une équipe de chercheurs genevois en examinant l’ADN d’adultes souffrant de troubles psychiatriques. Lien d’autant plus fort que plus la maltraitance a été sévère durant l’enfance, plus la modification est importante ».
C’est la première fois que l’on voit un lien aussi clair entre un facteur environnemental et une modification épigénétique. Enfin un lien entre épigénétique et psy. Par nos cours de protéomique fonctionnelle, on le savait, mais quand des universitaires de ce niveau le disent, c’est gratifiant pour nous aussi.

LE GENOME PROPOSE, L’ENVIRONNEMENT DISPOSE.
Les protéines sériques, dont le totum se nomme protéome, agissent comme les mémoires biologiques de notre organisme. Ce sont nos « boîtes noires ». Spécifique pour chacun, mémoire de notre humaine condition, avec nos heurs et nos malheurs, sa compréhension est un éclairage sur les accidents marquants de notre vie. Véritable langage moléculaire, elles indiquent ce que le mal dit et les maladies potentielles codées par nos conflits biologiques. Les lipoprotéines sont ainsi le lien entre le corps et l’esprit, entre les aspects neuropsychologiques et le neuroectoderme.
EPIGENETIQUE
Pendant longtemps, la génétique a été considérée comme la clé de la compréhension des fonctions biologiques et des maladies héréditaires. Cependant, des études récentes montrent que de nombreux processus dans l’organisme sont régulés non seulement par l’ADN, mais aussi par une couche de « contrôle » supplémentaire appelée épigénome. L’épigénétique explore comment les modifications chimiques de l’ADN et des histones, ainsi que les ARN non codants, régulent l’expression des gènes et comment ces changements peuvent être hérités ou influencés par l’environnement.
MECANISMES DE REGULATION EPIGENETIQUE

1. Méthylation de l’ADN
C’est le principal mécanisme de modification épigénétique. Des groupes méthyles (CH3) se fixent sur les résidus cytosines de l’ADN, inhibant ainsi l’expression des gènes. Ce processus joue un rôle clé dans le développement, la différenciation cellulaire et la prévention des cancers.
2. Modification des histones
Les histones sont des protéines autour desquelles l’ADN est enroulé. Leurs modifications chimiques, comme l’acétylation, la méthylation ou la phosphorylation, régulent l’accessibilité de l’ADN à la transcription. Ces processus permettent un ajustement flexible de l’expression des gènes.
3. ARN non codants (nc RNA)
Les ARN non codants, y compris les microARN (miRNA) et les longs ARN non codants (lnc RNA) , influencent la stabilité des ARN messagers( ARNm) et la production de protéines, jouant un rôle essentiel dans la régulation de l’activité génétique.
EPIGENETIQUE ET SANTE NEUROPSYCHOLOGIQUE
Les modifications épigénétiques participent à la régulation de tous les systèmes de l’organisme (immunitaire, métabolique, reproducteur, cardiovasculaire, respiratoire, musculosquelettique, …). Elles seront développées dans un prochain article, nous retiendrons ici le système nerveux et la psychologie.
1. Système nerveux
Les mécanismes épigénétiques régulent la formation des réseaux neuronaux, ainsi que les processus de mémoire et d’apprentissage. Une dérégulation de ces mécanismes est liée à des maladies neurodégénératives comme Alzheimer ou Parkinson. Le stress chronique provoque des modifications épigénétiques affectant les gènes qui contrôlent le niveau de cortisol et les réseaux neuronaux. Ces changements augmentent le risque de dépression et de troubles anxieux.
2. Psychologie
L’épigénétique et la psychologie forment un domaine en pleine expansion, montrant que nos gènes ne dictent pas entièrement notre destin. Par exemple, un stress chronique peut modifier l’expression du gène NR3C1, lié au récepteur des glucocorticoïdes, ce qui peut augmenter la sensibilité au stress à l’âge adulte. Nos expériences de vie, notre environnement et nos choix peuvent modifier l’expression de nos gènes, influençant ainsi notre santé mentale et émotionnelle. Cela ouvre des perspectives prometteuses pour des approches plus intégrées et personnalisées en psychologie.
L’épigénétique révèle les interactions complexes entre les gènes et l’environnement, ouvrant la voie à une nouvelle approche pour comprendre la santé et les maladies. Un mode de vie incluant une alimentation équilibrée, une activité physique régulière et une gestion du stress peut avoir un effet bénéfique sur l’épigénome, améliorant ainsi la qualité et la durée de vie. Les recherches futures en épigénétique permettront de développer des méthodes personnalisées de prévention et de traitement pour diverses pathologies.
Dr Khamzat Bekov : Spécialiste en Médecine Générale. Diplômé en Médecine Anti-Âge et Médecine Esthétique à Paris. Exercice libérale à Paris 16. Ancien Médecin attaché en Médecine Interne au CHU Saint-Antoine Paris XII. Ancien Médecin attaché des Hôpitaux de Paris.

Dr Jean-François Bézot : Biologiste médical. Docteur en pharmacie, Faculté de pharmacie de Paris. Ancien interne des Hôpitaux de Paris. Spécialisé depuis 1988 en biologie anti-âge et en protéomique fonctionnelle. Membre définitif de la Société Française de Médecine Esthétique. Conférencier international. Chargé de cours au DUMAA (Université Paris Créteil).

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