De Marvejols à Hong Kong : le parcours extraordinaire du Dr Claude Chauchard, pionnier de la médecine anti-âge
Anti Age Magazine : Pourquoi la médecine anti-âge ?

Dr Claude Chauchard : Je viens d’un petit village de Lozère, Marvejols. Mon père était photographe et ma mère femme au foyer, élevant trois garçons. Dès le collège, j’ai été pensionnaire à Saint-Flour, puis à Mende. Dans mon village, j’ai rencontré un ami, aujourd’hui professeur, Jacques Bringer, qui non seulement m’a guidé vers la médecine, mais a réellement changé ma vie. J’ai d’abord étudié un an à l’École de Commerce de Toulouse, jusqu’à ce que des amis de la Faculté de Médecine de Montpellier me convainquent de les rejoindre. C’est là que j’ai rencontré Daniel Mirouze, fils d’un endocrinologue renommé, qui m’a soutenu tout au long de mes études, ainsi que mes camarades Serge, Constantin, Robert Guillet, Max Ponseille, etc., encore aujourd’hui dans mon réseau. Je me suis spécialisé en « Médecine du Sport et de la Nutrition » (CES), puis j’ai obtenu deux certificats en endocrinologie. J’ai été assistant hospitalier en nutrition pendant cinq ans à Montpellier. Travailler avec des patients atteints d’obésité sévère m’a conduit à soutenir une thèse basée sur 103 cas, comparant régimes équilibrés et non équilibrés en macronutriments. Je me suis ensuite spécialisé dans la cellulite. Enfin, le Professeur Mirouze m’a initié à la médecine préventive et m’a envoyé présenter un colloque à Tunis devant plus d’une centaine de diabétologues.
AAM : Vers la médecine préventive
Dr CC : J’ai lu un article du Dr Moron sur la nutrition et l’ai rencontré plus tard à Paris. Auteur de “La Clé du poids”, bestseller mondial, il m’a invité à travailler avec lui, me transmettant son « virus minceur ». Nous avons pris en charge Romy Schneider, Maria Callas… Plus tard, j’ai rencontré le Dr Georges Debled, auteur de « Au-delà de votre limite, ce ticket est toujours valable », sur l’andropause. Approchant la quarantaine, j’en ai ressenti les effets et ai appris l’endocrinologie masculine et la thérapie de remplacement hormonal auprès de lui. J’ai également rencontré Fabrice Boutain, mon partenaire digital, avec qui je travaille encore sur de nouvelles idées utilisant l’intelligence artificielle. Bientôt, j’ai commencé à apparaître à la télévision et à être reconnu à Paris.
AAM : L’Asie, le véritable décollage ?
Dr CC : Oui — une femme asiatique m’a présenté Madame Wang Shaw Lau, la fille de son employeur. Son père, magnat des médias, était gravement malade et m’a dit à Taïwan : « Je vais mourir d’un cancer du foie — pouvez-vous me donner deux années de plus pour régler ma succession ? ». J’ai commencé le traitement ; un mois plus tard, son état s’améliorait et il voulait poursuivre. Après quelques visites, j’avais vingt patients et j’ai ouvert La Clinique de Paris avec des investisseurs locaux. En six mois, nous avons lancé des bilans et programmes adaptés aux jeunes, adultes d’âge moyen et seniors, introduisant des traitements hormonaux affinés grâce à la collaboration avec les Drs Thierry Hertoghe, Claude Dalle, et d’autres. Après le décès du magnat, sa fille a reçu 30 millions de dollars pour lancer un projet sur le cancer. Avec le soutien de Dassault, bioMérieux, Pierre Fabre, AXA, etc., nous avons créé le Groupe Harmonie : un département R&D cancer à Palo Alto, un pôle Mode (qui a ensuite acquis Lanvin), et un département Médecine Préventive avec 3 millions de dollars pour les cliniques dont j’avais la gestion. La première franchise a été lancée à Taipei, puis Hong Kong, suivie de Tokyo, Shanghai et la Chine continentale. Nous avons aussi introduit les thérapies hormonales en Asie — encore rares en France, où moins de 0,5 % des hommes les utilisent et où l’andropause est peu traitée.
AAM : Naissance de la médecine anti-âge

Dr CC : Au-delà des traitements hormonaux, le Professeur Nataf m’a enseigné les neurotransmetteurs, l’oxydation et la perte osseuse à l’aide de tests biologiques anti-âge — base de la spécialité. Les piliers de mes programmes sont : gestion du poids, capital santé, thérapie hormonale et microbiote. J’ai également énormément appris au contact de célébrités que la vie m’a permis de rencontrer, dont Serge Dassault, le Président Edgar Faure, Yves Simon, François Pinault, la famille royale du Qatar et même Jean-Claude Van Damme. J’ai aussi disséqué des embryons de mouton avec le Dr Roux et passé un an à Kiev pour étudier l’embryologie humaine. Aujourd’hui, ces méthodes sont dépassées : nous travaillons avec des cellules souches (tissu adipeux et cordon ombilical) intégrées à la génétique. Je ne peux pas affirmer que l’on rajeunit grâce aux cellules souches — contrairement aux HRT, à la gestion du poids, au microbiote et à la préservation du capital santé. Nous participons régulièrement aux conférences AMWC (Aesthetic & Anti-Aging Medecine World Congress). Je remercie profondément les fondateurs Catherine Decuyper et Christophe Luino, qui me soutiennent depuis plus de 20 ans.
AAM : Expansion internationale (Riyadh, Doha)
Dr CC : Nous avons lancé notre concept dans le monde arabe. J’ai mis La Clinique de Paris en bourse et repris la direction médicale du Groupe Harmonie. Aujourd’hui, j’ouvre des cliniques en Roumanie, à Dubaï, Pékin, avec des retours au Japon et Kuala Lumpur, en partenariat avec de grands groupes esthétiques souhaitant intégrer l’anti-âge. Je poursuis mes recherches sur les cellules souches au sein d’Ingralis (Faculté de Médecine de Montpellier), dont je suis président, et avec Helena Rubinstein pour étudier les bénéfices cutanés. Je collabore également avec OrganIPs, dirigé par le Professeur Bringer, ciblant le foie, les reins et le pancréas, notamment le diabète, en partenariat avec le Professeur Jean-Marc Lemaitre.
AAM : Traitements personnalisés ?
Dr CC : À La Clinique de Paris, nous proposons 4 à 5 programmes sur mesure — avec ou sans hormone de croissance. La phase 1 comprend un bilan biologique et biophysique, suivi d’un Health Book personnalisé détaillant les problèmes existants et futurs ainsi que les options de soins. Nous intégrons l’épigénétique, certains tests génétiques (prévention du cancer du sein), et utilisons de plus en plus l’IA dans nos rapports. Notre objectif est clair : vivre en bonne santé jusqu’à 120 ans.
AAM : L’avenir ?
Dr CC : L’avenir réside dans les innovations : anticorps monoclonaux (ex. traitement du mélanome), génétique, évolution des techniques de cellules souches, nouveaux médicaments anti-obésité, sénolytiques, recherches sur le microbiome et régénération des organes… Le Graal : éliminer les cellules sénescentes et préserver les cellules jeunes. Bien qu’une « pilule du rajeunissement » n’existe pas encore, les acteurs majeurs investissent des milliards dans la longévité. Je crois que les domaines les plus prometteurs sont le microbiome et le génome.
AAM : Un hobby ?
Dr CC : Ma fille a été championne française de dressage dans sa catégorie — je suis très fier de ses progrès. Ma seconde fille est orthodontiste. L’un de mes fils a créé son entreprise dans la cosmétique, l’autre travaille dans l’industrie pharmaceutique. Je suis très fier de mes enfants, tous laborieux et vecteurs de succès professionnel.
Ma vie est partagée entre l’Asie — je réside à Hong Kong depuis plus de 30 ans — et Paris, où je continue à consulter et à prendre soin de tous mes patients pour les aider à ralentir le vieillissement. Quant à ma réussite, je dois beaucoup à une femme remarquable que j’ai rencontrée en arrivant à Taïwan : Cindy Chang. Brillante, élégante, dynamique et polyglotte (cinq langues), elle m’accompagne depuis le premier jour jusqu’à aujourd’hui. Je la remercie ainsi que tous ceux qui m’ont soutenu — le succès n’est jamais individuel, il est le fruit d’un parcours collectif et de compagnons loyaux. De Marvejols à Hong Kong, de la nutrition à l’hormonothérapie, des tests biologiques aux cellules souches et au microbiote, jusqu’à l’IA, ma mission reste la même : prévenir le vieillissement, protéger le capital santé et prolonger la vie en bonne santé.
En résumé : science d’abord, écoute toujours, éthique partout. Le succès n’est jamais solitaire, il naît d’une vision partagée et d’un effort collectif, construit ensemble… et nous ne comptons pas nous arrêter.
Où le trouver ? 77 avenue Paul Doumer, Paris, France
Info : lcdpi.net