Par le Docteur Jean-François Bezot et le Docteur Claude Dalle

Les neurotransmetteurs permettent à notre cerveau de communiquer avec le reste du corps. Sans eux, pas de contraction musculaire, de libération d’hormones et nous serions incapables de voir, penser, d’éprouver des émotions… Les hormones suivent l’action de nos neurotransmetteurs afin de maintenir les émotions.

Comprendre le rythme circadien des neuro- médiateurs

La dopamine est sécrétée le matin, après le pic de cortisol qui est le starter de l’éveil (le Conatus de Spinoza). La noradrénaline prend le relais en journée sous forme d’accélérateur : énergie et plaisir de l’action, pour un « stress constant ».

La Sérotonine sécrétée en fin d’après-midi, représente le frein. C’est la « Zen attitude » : calme, patience, bonne humeur. Elle déclenchera la mélatonine, l’hormone du sommeil réparateur qui permet au cerveau, tel un ordinateur, de se défragmenter pour la charge cognitive du lendemain.

Leurs déficiences en Anti Age sont notables.

• En dopamine : C’est le déficit de la post-cinquantaine, la fatigue matinale suite à une mauvaise nuit, la diminution des capacités intellectuelles, la perte de motivation…
La dopamine est le grand neurotransmetteur de la récompense. Comme son nom l’indique « dope », elle est très liée aux addictions, sous toutes ses formes (nourriture, boissons, drogues, sport, jeux…). Quand son taux est bas, satisfaire à une addiction remonte le taux de dopamine et apporte immédiatement le confort cérébral. Elle est aussi malheureusement liée à la maladie de Parkinson quand son déficit est important. Il faut savoir que la dopamine est présente dans de nombreux organes en dehors du cerveau, dont l’intestin, et les premiers signes de certaines maladies liées à l’âge apparaissent précocement dans l’intestin. Le microbiote y joue un rôle.

• En Noradrénaline le manque d’énergie, le « foupalmatisme ».

• En Sérotonine, la dépression hostile : Insomnie (réveil à 3h), pulsions addictives. La Sérotonine intestinale, en excès, donne des spasmes.

• Le GABA (gama amino butyrique acide) est capital, le soir au coucher, pour calmer l’activité de tous les autres neurotransmetteurs, dont ceux excitateurs.

• L’acetylcholine est aussi capital car c’est le neurotransmetteur de la jeunesse, de la vitesse de communication entre les neurones, et elle dépend beaucoup de nos hormones sexuelles.

L’homéostasie

Naturellement, la balance entre la sérotonine et la dopamine est en équilibre. Dès qu’il y a un problème avec la sérotonine, la dopamine est impliquée. Les patients présentant de faibles taux de sérotonine se sentent bien car leurs niveaux de dopamine sont automatiquement plus élevés. A l’inverse, un excès de sérotonine rend triste et chasse l’énergie.

Les hommes sont en général plus dopimanergiques et les femmes plus sérotoninergiques (agir avec sentiment est plutôt féminin). La balance dopamine sérotonine doit être si possible maintenue. Notre bien-être mental en dépend énormément. Tout stress de la vie, même minime, fait monter notre cortisol, ce qui induit de suite une sécrétion de dopamine mais elle doit être suivie très vite d’une sécrétion de sérotonine, pour maintenir notre confort mental, évitant ainsi toute excitation.

Les fondamentaux de l’être humain, sur lesquels les neurosciences nous ont éclairé sont : manger, se reproduire, avoir un statut social et du pouvoir, faire si possible un minimum d’effort, mais avoir un maximum de renseignements sur son environnement. Or si nous regardons bien, 4 de ces fondamentaux dépendent de la dopamine ! Et notre société est très dopaminergique et on y manipule toute la journée notre dopamine : agro-alimentaire, internet, etc… A la ménopause, les femmes deviennent dopaminergique : se soigner devient prioritaire.

Dosage urinaires

Nous doserons les métabolites urinaires (5HIAA, VMA, 3-5 DOPAC, HVA) car ils traduisent l’intensité du message réellement transmis. Cette notion est importante. Un sujet peut parfaitement produire une quantité optimale de dopamine, mais l’action de celle-ci sur le récepteur idoine peut s’avérer déficiente (pour cause de mutation…).

Les passerelles nutritionnelles

Les Antioxydants freinent les dégénérescences cérébrales en protégeant les structures neuronales de l’agression des radicaux libres. Vitamine D et Acides Gras W3 (EPA et DHA) modulent la synthèse, sa libération et l’activité de la sérotonine. Des déficits en micronutriments à doser influenceront les comportements, les émotions, le mal de vivre.

Certains acides aminés sont essentiels pour fabriquer nos neurotransmetteurs et doivent être apportés par l’alimentation, et bien absorbés par l’intestin (tyrosine pour la dopamine, tryptophane pour la sérotonine). Notons que les pollutions dont le glyphosate que 90% d’entre nous ont dans leur corps, altèrent le microbiote et empêchent les bactéries intestinales de fabriquer tyrosine et tryptophane.

Une alimentation correcte dès le matin (suffisamment de protéines, par un œuf par exemple) et de sucres lents vers 16h (pour la sérotonine, avec une banane ou du chocolat noir) sont des gages de meilleur équilibre.

Les hormones

Au cours du vieillissement normal, la diminution du sulfate de DHEA est associée à une augmentation de la cortisolémie (surtout pendant la nuit) et le ratio DHEA/Cortisol diminue dans le plasma sanguin. La Dhea est un anti GABA sur le plan cérébral et un régulateur cardiaque.

La diminution de ce ratio est accentuée chez les patients atteints de démence sénile ou de dépression.

Compte tenu des actions anti-cortisol de la DHEA, cette diminution de la DHEA associée à l’augmentation du cortisol accentue l’effet délétère du cortisol sur les fonctions cérébrales (troubles de la mémoire et impact sur l’humeur source de dépression).

Les hormones stéroïdiennes (estrogènes, testostérone, par exemple) apportent dopamine et sérotonine naturellement. Les processus de mémoire, de qualité de vie, de résistance au stress, par les neurotransmetteurs, en dépendent.

D’autres organes, comme le cœur et l’intestin, ont aussi beaucoup de sécrétions et de récepteurs aux neurotransmetteurs ; mais là l’effet est souvent celui inverse de l’effet cérébral. Les connections cerveau-corps prennent tout leur sens.

Les hormones mâles et femelles, dans les conditions physiologiques et en dehors d’apport exogène, favorisent la résistance à l’effort, les bonnes performances, l’endurance, la tonicité musculaire, la sérénité et le sentiment de sécurité, de même qu’ils permettent un sommeil plus récupérateur, un état d’esprit positif et une bonne résistance au stress.

Trop de stress dans la journée va laisser dans notre cerveau un excès de noradrénaline qui retardera notre sommeil : mais nous avons besoin de suffisamment de noradrénaline pour dormir car elle aide à notre sécrétion de mélatonine. Cet équilibre doit être préservé le soir par du calme et de la détente avant le coucher. Les neurotransmetteurs sont les « papillons de l’âme » (Cajal) : leur équilibre est délicat et demande tout notre attention.

Notre alimentation, l’état de notre microbiote, notre rythme de vie, sont des régulateurs qui nous aident à les équilibrer. Mais les gènes et leurs régulations (épigénétique) sont cruciaux. Nous commençons seulement à entrouvrir cette porte qui va améliorer nos connaissances et notre bien-être.

Soyons délicat avec nos neurotransmetteurs, ils le seront avec nous.

Docteur Jean-François Bezot est Biologiste médical. Docteur en pharmacie, Faculté de pharmacie de Paris. Ancien interne des Hôpitaux de Paris. Spécialisé depuis 1988 en biologie anti-âge et en protéomique fonctionnelle. Vice-président de la Société Française de médecine anti-âge. Conférencier international.
Plus d’informations biopredix.com

Docteur Claude Dalle est Diplômé d’acupuncture, mésothérapie, hypnose Ericksonienne. Conférencier international, chargé de cours à la faculté de Médecine de Paris. Directeur scientifique de congrès. Plus d’informations drclaudedalle.co

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