Par le Dr Jean-Philippe Binder
Les traitements par GLP-1
Les médicaments à base d’agonistes du glucagon-like peptide 1 (GLP-1), comme le sémaglutide (Ozempic®, Wegovy®) ou le liraglutide (Saxenda®), ont profondément changé la prise en charge de l’obésité morbide. Ces traitements s’adressent aux patients ayant un indice de masse corporel (IMC) initial supérieure ou égale à 35 kg/m2. En mimant l’action d’une hormone sécrétée au niveau de l’intestin et impliquée dans la satiété, ces traitements agissent sur l’appétit, la satiété et la vidange gastrique, permettant une perte de poids significative, souvent rapide. Cette perte de poids peut entraîner des modifications corporelles secondaires, parfois sources d’inconfort ou de complexes, en particulier au niveau de la poitrine.
Le tissu mammaire est composé de glande mais aussi de graisse, ce qui en fait une région directement impactée par l’amaigrissement. Lorsque la perte de poids est rapide et importante — comme c’est souvent le cas sous GLP-1 —, les seins peuvent perdre en volume, en projection et en fermeté. Le résultat est une ptôse mammaire, c’est-à-dire un affaissement de la poitrine. Après une perte de poids importante, la peau de la poitrine se distend et ne parvient souvent plus à soutenir le tissu mammaire, ce qui entraîne une position trop basse de l’aréole et un aspect « vidé » des seins que l’on décrit dans les cas extrêmes comme des seins en « gant de toilette ». Heureusement, plusieurs solutions chirurgicales permettent de corriger ces effets et de redonner à la poitrine un galbe naturel, harmonieux et proportionné à la nouvelle silhouette.

La cure de ptôse mammaire, pour remettre la poitrine en tension
La cure de ptôse mammaire, aussi appelée mastopexie, est l’intervention de référence pour corriger l’affaissement des seins. Elle a pour but de remonter la poitrine, de rééquilibrer le volume existant et de redonner une forme harmonieuse au sein, sans nécessairement ajouter de prothèse. Le geste chirurgical consiste à repositionner l’aréole à la bonne hauteur, retirer l’excès cutané et reconcentrer la glande mammaire pour créer un galbe naturel. Selon le degré de ptôse, plusieurs techniques peuvent être utilisées : cicatrice péri-aréolaire (en cas de ptôse très modérée), cicatrice péri-aréolaire associée à une cicatrice verticale, et la cicatrice en T inversé (en cas de ptôse plus importante). Le choix dépend du relâchement cutané, de la quantité de peau excédentaire, et de l’élasticité des tissus.
La pose de prothèses mammaires, pour restaurer le volume et le galbe

Chez certaines patientes, la mastopexie seule suffit à redonner une belle forme au sein. Chez d’autres, notamment en cas de perte de volume importante, il est nécessaire de l’associer à la pose de prothèses mammaires ou à un lipofilling (injection de graisse), pour restaurer à la fois la position et le galbe du sein. Les implants permettent de redonner du galbe, de remplir le décolleté et de rééquilibrer la silhouette. Ils sont choisis en fonction de la morphologie de la patiente, de l’épaisseur des tissus et du résultat souhaité (naturel, modéré ou plus volumineux). L’implant est le plus souvent placé en rétroglandulaire (devant le muscle). Lorsqu’il est associé à une mastopexie, la chirurgie est plus technique mais permet de corriger à la fois la chute et la perte de volume du sein en une seule intervention.
Le lipofilling mammaire (lipomodelage), une alternative naturelle

Le lipofilling mammaire, ou lipomodelage, consiste à réinjecter dans les seins la propre graisse de la patiente, prélevée par lipoaspiration sur une ou plusieurs zones du corps (ventre, hanches, cuisses…). Cette technique permet une augmentation modérée du volume mammaire, avec un résultat très naturel, à la fois au toucher et à la vue.
Le lipofilling est particulièrement intéressant chez les patientes qui souhaitent éviter les implants, ou qui présentent une asymétrie légère après amaigrissement. Il peut aussi être associé à une mastopexie pour redonner subtilement du galbe tout en retendant la peau. En revanche, le volume obtenu est plus limité qu’avec une prothèse, et plusieurs séances peuvent être nécessaires en théorie pour atteindre le résultat souhaité. Avantage non négligeable : le lipofilling permet également de sculpter la silhouette en affinant certaines zones grâce à la lipoaspiration. Cette double action en fait une solution séduisante pour de nombreuses patientes.
Dr Jean-Philippe Binder

Chirurgien plasticien à Paris depuis 30 ans. Praticien mi-temps à l’institut Curie et exercice libéral. Spécialisé en chirurgie esthétique et reconstructrice du sein. Membre de la SOFCPRE (Société Française de Chirurgie Plastique Reconstructive et Esthétique).
Plus d’informations : dr-binder.fr