Par le Professeur Jean-Paul Meningaud 

L’apparence, notamment de notre visage, est assez finement corrélée à notre âge chronologique. 

L’apparence peut sembler être une préoccupation futile. De fait, beaucoup d’intellectuels, de psychologues, de médecins spécialistes d’organes, de religieux, d’éducateurs, considèrent les préoccupations physiques comme frivoles. En tant que spécialiste de la chirurgie de la face, j’ai pu constater à quel point beaucoup de mes patientes et patients peuvent en souffrir, qu’il s’agisse d’un visage mutilé par un accident, ou tout simplement affecté par l’empreinte du temps.

La médecine et la chirurgie esthétique proposent de faciliter une meilleure maîtrise de son aspect physique et de sa santé, sans dogmatisme. Je reste convaincu que la beauté des peuples procède de leur diversité.

Une apparence corrélée à notre âge chronologique.

Nous avons l’âge de nos artères, de nos performances psychiques, de notre bilan hormonal, de nos chromosomes, mais aussi de notre aspect extérieur. L’apparence, notamment de notre visage, est assez finement corrélée à notre âge chronologique. Mon équipe a pu le vérifier dans une étude récente. De façon inconsciente, chacun peut estimer l’âge d’une personne avec une assez bonne précision. Si en plus, on reçoit une formation minimale sur les critères objectifs du vieillissement facial, la précision se renforce exponentiellement. On en déduit qu’à un moment donné, un traitement anti-âge efficace doit finir par modifier favorablement l’apparence. Ce traitement, s’il est efficace, ne se contentera pas de modifier des paramètres biologiques ou tensionnels, il aura forcément une influence sur notre enveloppe extérieure.

Les interventions de médecine et de chirurgie esthétique influencent positivement l’état de santé.

Réciproquement, il a été amplement montré que des interventions sur l’apparence pouvaient avoir un effet positif sur la santé dans des domaines très concrets : posture, douleurs chroniques (cervicales et dorsales), arrêt du tabagisme, amélioration de l’hygiène de vie (perte de poids, alimentation, activité physique, avec incidence sur la glycémie), fonction respiratoire et champ visuel. L’intérêt de la chirurgie et de la médecine esthétique n’est plus à démontrer sur le plan psychique : anxiété, qualité de vie, estime de soi, confiance en soi et sexualité.

Mais on peut aussi se demander si une action directe sur l’apparence, et donc notamment sur le psychisme, aura une influence sur les paramètres biologiques du vieillissement. Une action directe sur notre enveloppe corporelle est-elle une « tricherie » ou exerce-t-elle un rétrocontrôle positif, c’est-à-dire un mécanisme de renforcement positif sur l’état de santé général ? Plusieurs arguments plaident pour ce rétrocontrôle positif.

Influence indirecte des interventions de médecine et chirurgie esthétique

Tout d’abord, il est une règle générale qui dispose que la vie est faite d’un ensemble de systèmes qui sont longtemps en équilibre. Au niveau moléculaire, cela se traduit par des équations bio-chimiques permettant un léger retour en arrière avec des rétro-contrôles négatifs (mécanisme de frein) ou positifs (mécanisme de renforcement). L’hypothèse d’un rétrocontrôle positif de l’apparence sur la biologie semble cohérente avec les lois de la nature.

De plus, il a été démontré que l’amélioration de dimensions psychologiques comme l’anxiété, la confiance en soi, ou l’estime de soi, avait une influence sur la sécrétion des hormones de stress. On a même pu écrire que des attitudes corporelles pouvaient modifier la sécrétion de nos hormones. Une équipe de Columbia University a publié qu’un simple changement d’attitude corporelle pouvait augmenter le taux de testostérone et diminuer celui de cortisol et cela en moins de 2 mn. Sur un panel de volontaires, cette équipe a mesuré les taux de testostérone et de cortisol salivaire selon qu’ils passaient d’une attitude soumise (recroquevillé, bras et pied croisés, tête baissée) à une attitude plus sûre de soi (bras ouverts, tête droite, dos tenu, etc.).

Ces travaux ont été contestés sur le plan méthodologique. On peut néanmoins émettre l’hypothèse que les procédure médicales ou chirurgicales qui permettent de rétablir durablement la confiance en soi puissent avoir un effet sur la production chronique de ces hormones, et donc sur d’autres processus biologiques impliqués dans le vieillissement.

Influence directe des interventions de médecine et chirurgie esthétique

Enfin, on sait désormais que nombre de nouvelles techniques de médecine et de chirurgie esthétique ont un effet biologique positif sur les tissus où elles s’exercent. Par exemple une simple injection d’acide hyaluronique a un effet inducteur tissulaire local (régénérateur), conduisant par exemple à augmenter la synthèse de collagène. En chirurgie, les techniques de lipofilling (injections de la propre graisse du patient) potentialisées par du plasma enrichi en plaquettes ont un effet inducteur tissulaire parfois bluffant. De plus, il n’est pas exclu que des effets puissent se faire à distance de la zone traitée (effets paracrines par exemple).

La médecine anti-âge et les interventions sur l’apparence s’influencent l’un l’autre mais en agissant sur les deux à la fois, on obtient un effet de synergie sur l’une et sur l’autre. Le point le plus important est de ne pas nuire, primum non nocere. Ce principe hippocratique est intemporel. Pour atteindre l’objectif visé, il faut que ces actes médicaux soient exercés par des praticiens parfaitement qualifi és et que les indications soient posées de façon raisonnable.

Références : 1. La Padula S, Hersant B, SidAhmed M, Niddam J, Meningaud JP. Objective estimation of patient age through a new composite scale for facial aging assessment: The face – Objective assessment scale. J Cra-niomaxillofac Surg. 2016 Jul;44(7):775-82. 2. Sá PO et al. The Effect of Reduction Mammaplasty on Body Posture: A Preliminary Study. Plast Surg Nurs. 2020;40(1):29-34. 3. Chao JD et al. Reduction mammaplasty is a functional operation, improving quality of life in symptomatic women: a prospective, single-center breast reduction outcome study. Plast Reconstr Surg. 2002;110(7):1644-1654. 4. Van Slyke AC et al. Perioperative and Long-Term Smoking Behaviors in Cosmetic Surgery Patients. Plast Reconstr Surg. 2017;140(3):503-509. 5. Narsete T et al. Large-volume liposuction and prevention of type 2 diabetes: a preliminary report. Aesthetic Plast Surg. 2012;36(2):438-442. 6. Zoumalan RA et al. Subjective and objective improvement in breathing after rhinoplasty. Arch Facial Plast Surg. 2012;14(6):423-428.7. Hollander MHJ et al. Functional outcomes of upper eyelid blepharoplasty: A systematic review. J Plast Reconstr Aesthet Surg. 2019;72(2):294-309. 

Professeur Jean-Paul Meningaud : Professeur à l’Université de Paris 12 depuis 2009, Chef du service de chirurgie plastique, reconstructrice, esthétique et maxillo-faciale du CHU Henri Mondor depuis 2012, Ancien Interne des Hôpitaux de Paris, Ancien Chef de Clinique à l’hôpital de la Salpêtrière. Expert judiciaire près la Cour d’Appel de Paris et agréé par la Cour de Cassation. Spécialiste de la face, il a participé à 7 greffes de visage depuis 2007. Docteur en Sciences, il consacre une partie importante de son temps à la recherche et publie une vingtaine d’articles scientifiques par an, notamment dans les domaines de la chirurgie et médecine esthétique et de l’anti-âge. En 2011, il a reçu l’une des plus grandes distinctions en chirurgie plastique, le James Barret Brown award aux États-Unis pour ses travaux sur les prélèvements de greffes de visage. Il a été Président de l’association européenne de sa discipline (EACMFS) de 2018 à 2020. Il a créé neuf Diplômes d’Université qui font référence dans le domaine de la médecine esthétique. Il est membre titulaire de l’Académie Nationale de Chirurgie.

Plus d’informations: www.meningaud.com 

 

 

Leave a Comment