Par le Docteur Jonathan Fernandez

La « consommation » d’actes de médecine esthétique est réalisée, dans certains cas, avant l’âge de 30 ans…

Selon la définition des sociologues américains William Strauss et Neil Howe, les Millennials ou génération Y (de “WHY”), regroupent l’ensemble des personnes nées entre 1985 et l’an 2005. Elles sont perçues comme ayant des caractéristiques sociologiques et comportementales propres. Elles sont nées avec le digital, remettent en cause quasi-systématiquement toutes les contraintes qu’on leur impose, se veulent indépendantes et libres de choisir ce qu’elles veulent, quand elles veulent, comme elles le veulent.

Il est intéressant de noter que les patientes de médecine esthétique sont de plus en plus jeunes. En effet, les actes de médecine esthétique tels que les injections de toxine botulique sont réalisées, dans certains cas, avant l’âge de 30 ans… De ce fait, nous devons changer de paradigme : l’effet recherché par ces patientes n’est plus un rajeunissement ou la recherche d’une “jeunesse retrouvée” mais surtout une prévention du vieillissement. Tout l’intérêt de ces injections chez les millennials réside dans ce concept : mettre les muscles du visage au repos, permettant ainsi de ralentir le vieillissement et de prévenir l’apparition de certaines rides dites d’expression… Ceci nous amène donc vers la recherche de la jeunesse “éternelle”…

Cependant cette génération est hyper connectée. C’est la génération des réseaux sociaux et du “paraître social connecté”. Ces patientes sont dans une recherche constante de beauté immédiate pouvant être affichée à tout moment sur les réseaux sociaux… Il est intéressant de noter que les critères de beauté de cette génération ne sont pas forcément les mêmes que ceux des générations passées.

Une génération du volume, du « voyant », du « clinquant »

Les critères de “beauté naturelle” statiques, dynamiques et émotionnels peuvent paraître dépassés pour ces patientes. C’est une génération du volume, du “voyant”, du “clinquant” à l’instar des icônes d’aujourd’hui telles que Kim Kardashian ou autres Instagrameuses, Youtubeuses… Nous devons donc adapter nos injections de toxine botulique à cette demande. Cependant, du fait de leur jeune âge, il est primordial de ne pas figer ces visages permettant ainsi de conserver l’éclat de leur jeunesse malgré tout.

Les demandes sont donc plus précises (lifting de la queue du sourcil…). De nouveaux outils (Juvapen®…) nous permettent des injections de plus en plus ciblées… Le but de nos traitements est de jouer sur des points très précis permettant d’améliorer, de manière fine, les visages de ces patientes … Il est également possible de jouer avec les ombres et les lumières réalisant ainsi un véritable “contouring” médical du visage, technique très en vogue chez les influenceuses.

De ces techniques novatrices surgit un autre concept : travailler sur les émotions…. Les injections de toxine botulique, en relaxant certaines parties du muscle, permettent de travailler sur la mimique et de changer positivement les émotions transmises par le visage. Ce relâchement musculaire permettra de gommer les vecteurs négatifs du visage à l’origine d’un aspect fatigué, stressé, fermé (concept de Paul Ekman sur les émotions négatives) pour créer des vecteurs positifs et un aspect détendu, joyeux et “ouvert” du visage (accueillant pour les autres).

Ce travail sur les émotions est anatomique mais aussi “psychologique” : un véritable cercle vertueux se met en place lorsque les injections sont réussies. Les patientes, satisfaites du résultat esthétique, se sentent mieux et affichent une plus grande confiance en elles…. Le travail sur ces émotions est aujourd’hui primordial à l’heure des réseaux sociaux et des selfies. Cependant, le commencement précoce de ces injections pose une question importante : existe-t-il un risque sur le long terme ? Les injections de toxine botulique doivent être renouvelées tous les 6 mois en moyenne. Que se passera-t-il après 15 ou 20 ans d’injections ? A l’heure actuelle, les études scientifiques montrent une innocuité totale des injections de toxine botulique au long cours. Cette sécurité est primordiale pour ces patientes jeunes qui renouvèleront pendant des années ces traitements.

Adapter nos techniques face à des demandes très précises

Il existe un véritable attrait des millennials pour la toxine botulique. Les demandes sont plus précises d’où l’importance d’adapter nos techniques. Il est primordial de ne pas figer ces visages, permettant de conserver toute la beauté d’un visage jeune, et de jouer sur les émotions positives. Les injections de toxine permettent un véritable ralentissement du vieillissement et une amélioration de celui-ci. Associé à des injections de fillers, les résultats seront pérennes dans le temps et conduiront indéniablement à une amélioration des résultats de la chirurgie esthétique voire à une génération “sans lifting”… Dans tous les cas, il est de la responsabilité du médecin ou du chirurgien esthétique d’accompagner ces patientes, de les informer et de les orienter pour créer un véritable échange sur les désirs et les possibilités de traitements. Celui-ci doit savoir modérer les demandes de ces jeunes patientes qui, certaines fois, peuvent être trop influencées par les réseaux sociaux.

La toxine botulique est un médicament et son utilisation doit être réalisée avec prudence. De ce fait, nous devons lutter contre les dysmorphobies induites par les selfies et expliquer aux patientes que le résultat se doit, malgré tout, de rester naturel…

Cet article fait suite à la conférence donnée lors de Nice Tox Course.


Docteur Jonathan Fernandez

Past-president et fondateur de la “société française des jeunes chirurgiens esthétiques” pour la Sofcep, Représentant des jeunes chirurgiens pour l’IMCAS, rédacteur en chef d’une revue scientifique de chirurgie esthétique (Réalités en Chirurgie Plastique), membre de différentes sociétés scientifiques (ISAPS, Sofcpre, Sofcep, SofchirC) et enseignant dans le cadre de cours universitaires (Nice, Lyon, Paris). Chirurgien esthétique à Nice. Médaille d’Or des Hôpitaux de Nice.

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