Par le docteur Arnaud SOENEN

Le praticien combine aujourd’hui imagerie, numérisation, conception et fabrication assistée par ordinateur (CFAO), impression 3D etc. Toutes ces innovations permettent de dépister de manière plus précoce les maladies bucco dentaires, d’effectuer un diagnostic plus sûr en amont d’une intervention et de proposer des traitements plus précis et efficaces.dents-web

Quelles sont les technologies numériques déjà utilisées au cabinet ?

La caméra optique intra-orale : Grâce à la CFAO dentaire, les couronnes et prothèses dentaires ne sont plus fabriquées à partir d’une empreinte réalisée en matériau souple et déformable (les pâtes molles et de mauvais goût qui peuvent donner la nausée). La prise d’empreinte est une empreinte optique numérisée, à l’aide d’une caméra précise. 3% des praticiens français en sont dotés soit 1400 cabinets (USA : 16%). Récemment, l’empreinte optique intra-buccale, vient de se doter d’une fonction de prise de teinte qui permet d’élaborer une prothèse aussi vraie que nature. Ces images numériques analysées permettent au praticien d’apporter des indications précieuses au prothésiste dentaire.

L’imagerie 3D (scanner ou cone beam) : A l’aide de l’imagerie radiologique en 3D, le chirurgien-dentiste peut aller au plus près des structures osseuses et anatomiques de la bouche : nerf dentaire, sinus maxillaire, canal palatin antérieur au maxillaire etc. Cette analyse va lui permettre de  déterminer avec précision la taille des implants (longueur et diamètre) et les sites d’implantation. Guidée par l’imagerie 3D, la pose d’implants est donc largement optimisée et grandement facilitée. La superposition des données issues de cette imagerie 3D et des données issues des scannages et moulages  permet la réalisation de guide chirurgical. Fixé en bouche, il permet au chirurgien-dentiste de poser les implants dans une position optimale pour y placer la future couronne.02 - Superpsootion de l'examen issu du CBAT et d'une empreinte optique intra orale en vue de la pose d'un implant en place de molaire.

Photo : 02 – Légende : Superpsootion de l’examen issu du CBAT et d’une empreinte optique intra orale en vue de la pose d’un implant en place de molaire.

Les nouveaux articulateurs virtuels et les scanners optiques pour une occlusion optimale : L’occlusion, qui traduit les rapports des dents du maxillaire (mâchoire supérieure) et de la mandibule (mâchoire inférieure), est un facteur essentiel à prendre en compte lors des constructions prothétiques chez les patients. Des articulateurs virtuels (simulateur mécanique de la bouche du patient)  couplés à des scanners optiques permettent de numériser le visage du patient pour optimiser la conception des prothèses et les rendre ainsi plus confortables et esthétiques. (fig. 3) (Photo : 03 – Légende : Articulateur virtuel  simulateur mécanique de la bouche de notre patient.)

03 - Articulateur virtuel  simulateur mécanique de la bouche de notre patient

La numérisation 3D est effectuée grâce à un scanner 3D.  Les données 3D du scan facial (fig.4) (Photo : 04 – Légende : Scanner facial 3D (source Zirkonzhan)) permettent d’obtenir une idée concrète et réaliste du résultat final.

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L’impression 3D pour réaliser des couronnes minutes : Elle permet de réaliser des répliques de la mâchoire du patient en trois dimensions. Ces modèles reproduisent l’anatomie exacte du patient permettent ainsi de tester et de sécuriser les différentes stratégies de traitements. Grâce aux imprimantes 3D il est possible aujourd’hui de concevoir des produits sur mesure, dans un temps de fabrication réduit et avec des capacités de production optimisées.  (fig. 5) Photo : 05 – Imprimante 3D (source FormLabs) 

05 - Imprimante 3D (source FormLabs)

Les objets connectés intelligents (ex : brosse à dent) : Les applications et les brosses à dents connectées représentent un vrai bénéfice pour le patient. Ces nouveaux outils sont synonymes d’efficacité (les zones mal brossées sont repérées) et de meilleur suivi (communication plus régulière avec le chirurgien-dentiste).

Grâce à un capteur intégré, La brosse à dents connectée évalue la qualité du brossage, détecte quelle quantité de tartre est retirée, repère les endroits mal brossés, enregistre les données et peut établir une communication avec le chirurgien-dentiste.

Les logiciels de modélisation du futur projet prothétique : Aujourd’hui de nombreux logiciels permettent de présenter au patient un plan de traitement efficace et attractif par la modélisation virtuelle du futur projet prothétique. Les animations en 3D, interactives et pédagogiques facilitent la discussion, la compréhension et l’adhésion aux soins. (fig.7) (Photo : 07 – Logiciel Dental Master permettant une modélisation du futur projet prothétique.)

07 - Logiciel Dental Master permettant une modélisation du futur projet prothétique

2- Ce que l’avenir nous réserve en termes d’innovation 

L’impression 3D « bonne matière » en céramique : L’impression 3D s’est considérablement développée  ces cinq dernières années et permet la personnalisation de masse, la réalisation de formes complexes ou assemblées, la production de petites séries à prix compétitifs. Néanmoins, à ce jour, à l’exception de la « zircone », l’impression 3D de céramique n’est pas encore aboutie. Ceci n’est qu’une question de mois….

Les matériaux intelligents : Ils sont de plus en plus l’objet de recherche dans le domaine dentaire. Un matériau  intelligent est sensible, adaptatif et évolutif. Par opposition au matériau classique –  inerte par définition – pour lequel les caractéristiques restent toujours les mêmes quelques soient les sollicitations auxquelles ce matériau est capable de modifier spontanément ses propriétés physiques, notamment sa forme, sa connectivité, sa viscosité ou sa couleur, en réponse à des excitations naturelles ou provoquées.

La robotisation et la chirurgie à distance : « La robotisation devrait occuper de plus en plus de place en médecine bucco-dentaire dans les années à venir. Ceci n’est plus un rêve ! » Certains industriels précurseurs et des laboratoires vont proposer des systèmes qui permettront de mieux soigner, de réduire le temps de convalescence et d’offrir des traitements mieux supportés par les patients.

Toutes ces innovations numériques ont et vont révolutionner la manière de travailler des chirurgiens-dentistes et doivent concourir à une médecine bucco-dentaire plus précise, sécurisée et orientée vers la prévention et l’économie tissulaire.

Par le docteur Arnaud SOENEN

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Chirurgien-Dentiste – Ancien Assistant Hospitalo-Universitaire – Attaché à la faculté de Bordeaux- Maîtrise de Sciences Biologiques et Médicales – DU d’Implantologie Orale et de Réhabilitation Prothétique – Référent ADF (Association Dentaire Française). Praticien Libéral – Bordeaux.

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