Par le docteur Thierry Michaud

A côté des expressions faciales de base (joie, colère, tristesse, peur, surprise et dégoût), nous possédons de très nombreuses expressions faciales complexes représentant un langage émotionnel à part entière qui font appel à des mécanismes neuronaux extrêmement complexes.

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Les expressions faciales négatives

L’apparition des modifications cutanées, des sillons et des rides, les modifications de la répartition des volumes graisseux vont impacter trois zones clés du visage : la zone du regard, la zone du tiers moyen et la zone du sourire. L’ensemble de ces altérations vont être à l’origine de l’apparition d’ « expressions négatives » (cf figure 1).  Ainsi, le vieillissement peut parfois conférer au visage un « masque » étranger qui n’est pas le reflet de notre personnalité mais celui du vieillissement facial morphologique. La demande esthétique peut s’inscrire dans désir de la suppression de ce décalage inapproprié entre personnalité et image. Les attentes des patients sont assez univoques : avoir l’air en forme, avoir bonne mine, ne plus avoir l’air fatigué ou triste ou sévère… Ces items vont dans le sens de la correction des expressions négatives. S’ajoutent : rester naturel, ne pas être figé ou artificiel, ne pas ressembler à un stéréotype.… Le respect du naturel et de l’expressivité est toujours présent et c’est d’ailleurs la crainte de perdre ces caractéristiques jugées essentielles qui représente le frein le plus important dans le passage à l’acte esthétique.

Le médecin expert doit savoir, lors de l’analyse séméiologique de son vieillissement facial, proposer un plan de traitement personnalisé.

Les implications thérapeutiques

Les muscles peauciers du visage jouent un rôle fondamental dans la dynamique faciale et dans l’expressivité du visage. Ils sont le moteur des expressions faciales émotionnelles et mobilisent l’ensemble des tissus mous et notamment les masses graisseuses du visage. Les techniques combinées sont à l’origine du plan de traitement personnalisé et font appel à la toxine botulinique, aux techniques de comblement et de volumétrie (acide hyaluronique), aux lasers et techniques apparentées (radiofréquence, ultrasons focalisés), aux peelings et à la cosmétologie active. L’analyse du vieillissement se fait en abordant chacun des 3 étages du visage : étage supérieur (zone du regard), étage moyen (zone des volumes), étage inférieur (zone du sourire). Pour chacun des niveaux, il s’agit d’analyser la séméiologie du vieillissement et d’établir la correspondance avec les points clés expressions négatives dont la correction sera expliquée au patient.

Le maintien du naturel du visage et la toxine botulique

Quelques règles simples : une excellente connaissance de l’anatomie musculaire et des balances musculaires, une excellente précision dans les injections imposant de contrôler la diffusion du produit, les volumes injectés et les concentrations. Par exemple, dans le traitement de la patte d’oie, le blocage complet de l’orbiculaire crée un sourire factice et non spontané. Le même raisonnement s’applique aux sourcils, à la dynamisation du regard et aux différents points clés dans le bas du visage.

Le maintien du naturel dans la correction des volumes  faciaux

Une bonne connaissance de l’anatomie est primordiale, distinguant les compartiment graisseux profonds (SOOF) qui sont fixes et statiques mais susceptibles de s’atrophier avec l’âge et les différents compartiments graisseux superficiels qui eux sont mobiles. Il est ainsi fondamental d’analyser les tissus mous durant les expressions faciales pour anticiper les zones d’injections en volumétrie. L’harmonie des volumes est plus importante que les volumes eux-mêmes. La rhéologie des acides hyaluroniques est un élément essentiel du raisonnement.  En effet, le visage présente une structure complexe soumise à des forces variées associant compression, étirement, cisaillement latéral. Ainsi, à chaque zone du visage doit correspondre un acide hyaluronique possédant des propriétés rhéologiques répondant à des contraintes qui varient en intensité et en fréquence. Il s’agit de combiner les composantes élastiques et visqueuses permettant d’obtenir les propriétés recherchées : force d’extrusion, malléabilité, capacité de soulèvement, mobilisation tissulaire, facilité d’étalement. Les contraintes de cisaillement et de torsion sur un axe appliquées à l’implant d’acide hyaluronique renvoient aux propriétés de visco-élasticité. Mais un implant d’acide hyaluronique n’est pas un bloc unique, il est constitué en réalité d’une multitude d‘unités réticulées plus ou moins adhérentes entre elles : les contraintes de compression-étirement renvoient ainsi à un autre paramètre clé, la cohésivité. Elle dépend de la concentration et de la technologie de réticulation, très variable d’une marque à l’autre. Les autres propriétés fondamentales à prendre en compte sont l’hydrophilie, l’intégration tissulaire, la durabilité dans le temps et la tolérance. On peut ainsi définir un « cahier des charges » rhéologique en fonction de la zone anatomique à corriger.

La dynamique faciale est la quatrième dimension de l’esthétique et doit être prise en compte dans tous les processus de rajeunissement du visage. La connaissance des expressions faciales émotionnelles permet l’identification des expressions faciales négatives. Leur correction, associée au maintien du langage émotionnel du visage garantit le naturel des résultats obtenus et correspond précisément aux attentes des patients.

Docteur Thierry Michaud

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Spécialisé dans toutes les techniques concernant le vieillissement et l’esthétique du visage. Lauréat de la Faculté de Médecine de STRASBOURG, Membre de la Société Française de Dermatologie, Président du Groupe de Dermatologie Esthétique et Correctrice de la Société Française de Dermatologie (gDEC), Directeur de collection aux Editions ARNETTE (Collection Dermatologie Esthétique).

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