par le Docteur Hugues Cartier

Dans un futur proche, l’acide hyaluronique pourrait jouer de nouveaux rôles. Entretien avec le Dr Hugues Cartier*

Est ce que l’acide hyaluronique pourrait devenir une prothèse dans un avenir proche ?

Docteur Hugues Cartier : En fait, il joue déjà ce rôle en tant que biostimulant. On peut déjà élever des tissus qui se seraient effondrés car l’acide hyaluronique stimule non seulement le derme mais également l’adipocyte. Mais dans un futur proche nous aurons accès à des produits de très haute rhéologie qui grâce à leur plasticité et à leur élasticité vont pouvoir être en mouvement avec la musculature sur un support osseux et vont pouvoir reprendre leur place. Ils reproduiront la perte de volume consécutive de l’âge et ce grâce à des produits qui ne migrent pas et ne bougent pas dans le temps. Imaginons des acides hyaluroniques pour les pommettes qui vont suivre le mouvements du visage mais être capables de se remettre en place quand ce dernier sera inactif : presque un produit élastique, une sorte de prothèse mobile…

Avec un bénéfice majeur : ce sont des produits que l’on peut faire disparaitre si on le souhaite notamment avec l’hyaluronidase. Savez-vous à ce sujet qu’il existe désormais aux Etats-Unis des médecins spécialisés dans le « dégonflage » des patients hypertrophiés ? 

Cette demande de «plus de volume», cela peut-il faire partie des demandes des millennials ?

Docteur Hugues Cartier : Oui nous sommes aujourd’hui confrontés aux générations X, Y et même Z. Ces produits ne seront certes pas réservés à tel ou tel type de patientèle mais ils peuvent devenir par exemple une bonne indication pour corriger des asymétries faciales qui peuvent apparaitre très jeune.

Attention toutefois aux effets à long terme et de ne pas se faire injecter trop tôt au risque d’avoir une peau d’un aspect un peu « plastique » car l’acide hyaluronique, s’il disparaît avec le temps, stimule le collagène par les fibroblastes. Des peaux de patients injectés avec une rhéologie très puissante il y a 20 ans ont quelquefois un aspect siliconé qui avait disparu. Ces répercussions seront à surveiller de près, voir à freiner. Nous aurons à choisir entre des produits très hydratants ou des produits très repulpants selon les âges.

Le retour de produits type Macrolane ?

Docteur Hugues Cartier : Peut-être mais sous une forme un peu différente. On a quand même beaucoup progressé en 10 ans sur la rhéologie et c’est cela qui reste très intéressant.

Quelles sont les autres innovations à venir ?

Docteur Hugues Cartier : Il y en a beaucoup. Prenons un premier exemple avec l’échographie. Il existe aujourd’hui des appareils sophistiqués qui vont nous aider dans notre démarche sécurité pour voir s’il n’y a pas un kyste, une infection latente ou un produit qui aurait déjà été injecté en profondeur (on est surpris de se rendre compte qu’il y a des acides hyaluroniques qui restent en place beaucoup plus longtemps que prévu avec des patientes ne se souvenant plus d’avoir été injectées), ce qui n’est pas forcément facile à voir, de vérifier s’il n’y pas de ganglions, etc… En moins de 5 minutes vous pouvez repérer les artères et savoir à quelle profondeur se trouvent les vaisseaux, s’il existe une différence de volume à droite ou à gauche du visage… On peut même évaluer quels sont les bons volumes de fillers à mettre.

Réveiller les produits qui sont en nous ! Prenons un second exemple avec le PRP, les cellules souches ou encore les peptides qui commencent à apparaitre sur le marché. En fait, le but ici est de réveiller des produits qui étaient déjà en nous mais qui ont été « oubliés » par notre organisme. Attention à disposer des bons récepteurs, car sur certains patients les résultats seront là alors que sur d’autres cela ne marchera pas. Nous sommes aux prémices de produits qui réveillent un corps endormi. On ne cherche donc pas à ajouter du volume mais à stimuler notre organisme.

Docteur Hugues Cartier : Médecin en Dermatologie et Vénéréologie, Ancien Chef de Clinique des Universités, Praticien au Centre Médical Saint-Jean et au Centre Hospitalier d’Arras, Diplômé de l’École Européenne de Phlébologie, Chargé de cours au CHU de Lille pour les troubles de cicatrisation et Coordonnateur du Diplôme pour les lasers Universités Paris-Poitiers.

Plus d’informations : cartier-dermatologie.fr 

* Interview réalisée lors de l’IMCAS Paris

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