Par le docteur Philippe Blanchemaison

 

Le phénomène de cellulite est la conséquence d’un déséquilibre chronique de l’adipocyte (adipose) et de son tissu environnant, en particulier la microcirculation (rétention d’eau) et le collagène (fibrose) entrainant trois typologies de cellulites différentes : la cellulite adipeuse, la cellulite fibreuse, la cellulite avec rétention d’eau.

 

 

Plus qu’une cellule de stockage des graisses, l’adipocyte apparait comme un organe régulateur de la balance énergétique, via la sécrétion de médiateurs, sorte d’hormones fabriquées par les adipocytes, comme la leptine, substance anorexigène, c’est-à-dire qui régule l’appétit, isolée en 1994. La notion d’adipostat apparue récemment, permet d’illustrer cette activité régulatrice des adipocytes. De même, la compréhension du phénomène de fibrose s’est enrichi des nouvelles connaissances sur le collagène et la glycation. Enfin, la participation du système lymphatique à la rétention d’eau et au lipœdème, ont permis de mieux comprendre la cellulite et sa résistance à l’exercice physique et aux régimes alimentaires.

L’adipose correspond à une augmentation du nombre ou du volume des adipocytes associée à un dysfonctionnement chronique de leur métabolisme. Ce dysfonctionnement est dû à l’altération des mécanismes de la lipogenèse (synthèse des triglycérides) et de la lipolyse (lyse des triglycérides en glycérol et acides gras) consécutif à l’altération du fonctionnement d’enzymes clés, les lipoprotéines lipases et des récepteurs aux hormones telle la leptine (perte de la satiété, c’est-à-dire l’envie de continuer à manger au-delà de ses besoins), l’insuline (d’où l’aggravation de la cellulite par la consommation de sucres), les œstrogènes et la progestérone (qui expliquent les poussées de cellulite au cours des changements hormonaux, puberté, grossesse, ménopause) et les hormones du stress (adrénaline, noradrénaline).

Un dysfonctionnement des récepteurs α-2-adrénergiques et des récepteurs des prostaglandines ou des récepteurs PYY a aussi été retrouvé dans la membrane des adipocytes de patients cellulitiques. L’abondance de ces récepteurs est en partie responsable de la faible activité lipolytique des adipocytes chez les patients porteurs de cellulite. C’est sur ce mécanisme qu’agit l’un des facteurs pharmacologiques lipolytiques connus : la caféine.

À partir de cette approche multifactorielle de la cellulite, il devient possible d’orienter les femmes présentant une cellulite adipeuse vers une méthode s’attaquant directement à la graisse : injection de produits lipolytiques, laser, ultrasons focalisés, cryolipolyse, liposuccion, l’efficacité de ces méthodes étant opérateurs dépendante c’est à dire qu’elles dépendent de l’expérience des médecins.

Lorsqu’il s’agit d’une cellulite œdémateuse, avec rétention d’eau, les méthodes de drainage sont choisies en fonction des cas : drainage lymphatique manuel ou pneumatique, lipomassage, médications drainantes.

Lorsque la composante fibreuse de la cellulite domine, lui donnant une consistance indurée, seules certaines méthodes pouvant prétendre agir sur la fibrose sont encore utiles, telles les ondes de choc ou le laser.

Lorsqu’un relâchement cutané s’associe à la cellulite, on utilise des méthodes telle la radiofréquence, la photobiostimulation ou l’utilisation de facteurs de croissance plaquettaires associées au régime collagène (riche en zinc, silicium, sélénium, vitamine E, vitamine C et acides aminés).

Dans tous les cas, l’action sur le muscle est importante. Le médecin traitant pourra conseiller de nouvelles méthodes de gymnastique vasculaire active agissant préférentiellement sur les muscles posturaux profonds, ayant une efficacité quatre fois supérieure sur la circulation veineuse et lymphatique par rapport aux muscles plus superficiels. Enfin, une amélioration de la qualité de l’alimentation (cohérence alimentaire) et la compensation des troubles du comportement alimentaire sont nécessaires dans tous les cas.

 

Références :

1-  Blanchemaison P. Trois formes de cellulite, trois programmes de traitement ; J Med Esthet Chir Derm 2005;32(128) : 221-30.
2-  Blanchemaison P. Classification des cellulites et conséquences thérapeutiques.Nouvelles Dermatologiques 2007, 26, 6, 22-28.
3-  Blanchemaison P. La cellulite : physiopathologie, diagnostic, évaluation et traitement.Encyclopédie Médico-Chirurgicale, cosmétologie et dermatologie esthétique 2008, 50-480, A-10.

 

Par le docteur Philippe Blanchemaison
Le Docteur Philippe Blanchemaison est spécialisé en Médecine Vasculaire ; installé à Paris depuis 28 ans, il a été attaché des Hôpitaux de Paris pendant 12 ans et rédacteur en chef du journal « Actualités Vasculaires Internationales » pendant 8 ans. Directeur d’enseignement à la Faculté de Médecine Paris Descartes, il est l’auteur de 264 articles médicaux publiés et de 16 livres médicaux dont 3 destinés au grand public.

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