Par le Dr Isabelle Meurgey
Le cerveau est sans cesse en réorganisation.
Loin d’être un organe figé comme on l’a longtemps cru, le cerveau est un organe plastique sans cesse en réorganisation, en connexion, par nos pensées, nos cinq sens, notre environnement, aussi nous avons la possibilité de prendre en main la santé de notre cerveau, ne plus être un observateur passif et impuissant de notre déclin cognitif en utilisant cette plasticité neuronale.
Le déclin cognitif physiologique lié à l’âge est dû à plusieurs causes : le cerveau diminue de volume d’environ 2% de poids par décennie. Cette réduction affecte plus le cortex préfrontal, altérant la mémoire et la gestion des émotions. Il s’accumule également avec l’âge des protéines dans notre cerveau qui forment les plaques séniles. Elles peuvent mener à l’apparition de maladies neuro dégénératives comme la maladie d’Alzheimer ou la maladie de Parkinson qui touchent environ 3 millions de personnes dans le monde après 60 ans.
La mémoire faiblit de manière très variable selon les individus mais ce ne sont pas les capacités de stockage qui diminuent mais les capacités de récupération de l’information qui sont déficientes. Alors voyons comment préserver et régénérer notre cerveau pour atteindre nos 120 ans en pleine lucidité et sérénité !
Le cerveau a besoin d’être nourri correctement pour les tâches de connexion et d’information qui lui incombe. Il consomme tout de même un tiers du glucose et de l’oxygène à lui tout seul ! Pour mémoriser, se concentrer et faire circuler les messages promptement, notre cerveau utilise les axones, cellules cérébrales très riches en lipides. La gaine de myéline qui les entoure est également très riche en lipides. Ces graisses qui vont nourrir notre cerveau sont principalement les acides gras polyinsaturés oméga 3 retrouvés dans les petits poissons gras comme la sardine, le maquereau et les huiles (colza, noix, cameline). Les plus gros poissons comme le thon et le mérou sont à éviter car ils sont remplis de métaux lourds.
Les neurotransmetteurs qui gèrent notre état émotionnel, comme la dopamine, la sérotonine, le GABA, sont déséquilibrés en cas de stress chronique ou de dysbiose intestinale. Une alimentation protéinée est donc indispensable pour réguler son apport en tyrosine et tryptophane que l’on retrouve dans le poulet, le chocolat noir, les légumineuses.
Sans oublier tous les cofacteurs indispensables comme le magnésium, les vitamines du groupe B, la glutamine. L’inositol quant à lui permettra de restaurer des taux de GABA aux propriétés anxiolytiques.
L’apport des sucres se fera avec des féculents, des glucides complets, des fruits et légumes colorés qui sont également riches en anti-oxydants protecteurs des membranes. Il est conseillé d’avoir une activité physique régulière permettant de préserver la santé vasculaire indispensable au fonctionnement neuronal et qui augmente la fabrication d’un facteur de croissance neurotrophique (BDNF) aux propriétés anti-inflammatoires, anti-oxydantes et protecteur des tissus cérébraux.
Les cétones sont un excellent carburant alternatif aux sucres pour le cerveau, elles augmentent également le BDNF et diminuent les cytokines pro-inflammatoires. Pour ces raisons la pratique du jeûne sur plusieurs jours est intéressante (les cétones sont fabriquées après environ 3 jours de jeûne) et également le régime cétogène. Le cerveau répond également à de courtes périodes de jeûne par le phénomène d’autophagie amenant un effet neuroprotecteur par élimination des toxines neuronales.
Le cerveau doit être constamment en connexion, plus il travaille plus il est jeune. Ainsi apprendre une nouvelle langue, un nouveau jeu de société, faire des puzzles, des mots croisés, apprendre une poésie activent sans cesse cette plasticité neuronale.
La méditation est un entraînement mental qui mobilise des capacités attentionnelles, régule nos émotions, améliore la concentration, l’attention, la cognition, réduit le stress et l’inflammation. La méditation muscle le cerveau si elle est faite avec régularité. Avec le temps, elle augmente la matière grise du cerveau qui compense la perte liée au vieillissement.
Entretenir un bon sommeil soutiendra nos cellules cérébrales.
Le fait de maintenir un rythme circadien synchronisé correct, restant bien à la lumière le jour, se levant et se couchant à heure fixe, est très bénéfique. La prise de compléments alimentaires comme le Ginko Biloba, le Bacopa Monnieri, la choline, la Prégnénolone favorise la cognition et la mémoire.
En résumé, le maintien du tissu cérébral en bonne santé est donc le résultat d’une bonne santé générale et de mise en place de pratiques épigénétiques comme l’activité physique, une nutrition équilibrée, une micronutrition adaptée, un sommeil réparateur, une bonne gestion du stress, une personnalité joyeuse et optimiste avec une vie sociale riche en contact et échanges.
Dr Isabelle Meurgey : Docteur en médecine anti-âge et esthétique. Faculté de médecine de Rouen. Spécialisée en médecine préventive et de performance depuis 1997. Membre définitif de la Société Française de Médecine Esthétique. Diplômée en Micronutrition, Auriculothérapie, Hypnose.
Plus d’ informations : docteurisabellemeurgey.com