Par le Docteur Alexandra Dalu

La prise en charge d’un ou d’une patiente dont le motif est la chute de cheveu doit être modélisée afin de faciliter la consultation du médecin et le plan de traitement pour le patient.

 

La consultation se veut complète avec un examen détaillé comme pour tout motif de consultation médicale car la chute du cheveu reste un symptôme et une manifestation clinique à part entière. Tout protocole a pour avantage d’être reproductible pour tous les praticiens médecins et chirurgiens. Il devient un outil d’aide au diagnostic pour plus d’efficience et de rapidité de prise en charge.
Ce modèle que j’ai élaboré en m’inspirant des données actuelles de la science, permet de ne pas omettre un diagnostic médical responsable de la perte du cheveu afin d’être rapidement efficace avec le traitement adapté à la cause, avant de simplement conclure à une chute liée à un état de stress physiologique passager ou une alopécie d’origine androgénique (homme et femme).

MODELISATION DE LA PRISE EN CHARGE DE LA CHUTE DU CHEVEU EN 3 CONSULTATIONS

Première consultation

La première consultation médicale est classique et relate en détail les antécédents familiaux et personnels, les traitements passés et en cours, le mode de vie du patient, l’examen clinique du cuir chevelu, et les constantes du patients (PA pouls poids).

Il faut s’enquérir des antécédents personnels et familiaux du patient pour orienter son diagnostic. C’est l’enjeu de cette consultation qui apportera en fonction des réponses et de l’état actuel du patient, l’orientation diagnostique de la chute du cheveu. Quant aux antécédents, les questions se porteront spécifiquement sur les antécédents allergiques, de troubles digestifs, d’endocrinologie et auto-immuns.

La prescription du bilan biologique comprend les dosages hormonaux et vitamines et la prescription d’une éventuelle imagerie en fonction des données obtenues durant cette consultation (échographie de la thyroïde).

La clinique :

Les échelles visuelles actuellement utilisées pour évaluer la chute en consultation clinique sont très pratiques et permettent la classification du niveau de sévérité des alopécies : l’échelle de Norwood Hamilton chez l’homme et Ludwig chez la femme. Elles sont également un bon repère visuel pour le patient qui pourra évaluer lui-même son état d’amélioration. Il existe désormais des appareils photographiques microscopes très précis qui visionnent la surface de repousse.

Le mode de vie est un sujet important afin de connaître le profil santé du patient :

  • Le type de régime alimentaire. En effet, le végétalisme et végétarisme constituent désormais 3% de la population à risque d’être en carence de micronutriments tels que le fer, zinc, D, A, et B12.
  • L’hydratation (eau) constituant de la masse maigre et nécessaire au métabolisme global de l’organisme.
  • Les excitants (café, thé) avec ou sans sucre : si la caféine est un psychostimulant intéressant, son excès peut avoir un effet néfaste sur le cheveu en l’affinant via sa stimulation adrénergique.
  • La consommation d’alcool avec le nombre de verres par semaine (moins de 7 verres selon l’OMS) car l’alcool diminue les taux d’hormone de croissance.
  • La consommation de tabac.
  • La consommation de drogues illicites.
  • La consommation de soda : les phosphates chélatent le calcium et décalcifient donc les cellules et contribuent à l’acidité de l’organisme en plus des conséquences de la glycation avec l’apport en excès de leur sucre.

Ces différents toxiques sont des acidifiants des muqueuses digestives et ne permettant pas une bonne assimilation des nutriments ; les contenus toxiques du tabac se déposent sur le cuir chevelu pour l’altérer.

  • L’IGF1 fabriquée la nuit a un rôle positif sur la pousse. L’hormone augmente naturellement la croissance pilaire.
  • La pratique de sport ou d’activité physique (marche quotidienne) agit sur les phanères de façon indirecte en produisant des antioxydants via la stimulation des myokines musculaires. Le sport est un des garants de la jeunesse du métabolisme. Le sport diminue le stress et l’inflammation.
  • La consommation excessive en sucres : le sucre altère la qualité du collagène via la glycation qui le rigidifie. Le sucre est aussi responsable de la production de protéines inflammatoires interleukines et cytokines qui stimulent le vieillissement prématuré des organes et leur fonction.
  • Attention à la consommation de certains médicaments avec des effets secondaires fréquents de chute de cheveu (neuroleptiques, psychotropes, corticoïdes au long cours, pilules androgéniques).
  • L’activité professionnelle est importante : certaines professions sont plus à risque d’être en contact avec des toxiques comme les colorants, les parfums, les Benz aromatiques toxiques pour l’organisme et donc les cheveux.

La deuxième consultation médicale

Début des séances de mésothérapie. Analyse du bilan biologique. Traitement allopathique en fonction des résultats.

La troisième consultation médicale

Poursuite des séances de mésothérapie.

Tolérance au traitement et amélioration de l’état général.
En plus des échelles visuelles Hamilton et Ludwig, on utilise 2 scoring subjectifs mais intéressants car englobant l’essentiel de ce que l’on veut obtenir avec un traitement du cheveu.
Le score EPARS qui est l’évaluation du patient avec 5 questions notées de 1 pour très bon à 10 pour très mauvais :
• Perte
• Séborrhée
• Démangeaisons
• Rareté
• Médiocrité

Le grade GAIS (Global Aesthetic Improvement Scale)
selon médecin et selon patient est tout aussi pratique basé sur 5 items subjectifs :
• Très bien amélioré
• Bien amélioré
• Amélioré
• Pas de changement
• Etat dégradé

Mes traitements

L’allopathie est prescrite en fonction du diagnostic ayant pour conséquence la chute ou l’affinement du cheveu. La liste des pathologies dermatologiques auto-immunes et infectieuses ayant pour impact leur chute ne pourra être exhaustive.

  • Traitement d’une infection.
  • Traitement des psoriasis, eczéma, dermatite séborrhéique, allergie.
  • Traitement de la maladie auto-immune : sclérodermie, polyarthrite rhumatoïde très souvent liée avec l’hypothyroïdie de Hashimoto et Biermer.
  • Traitement des MICI (caeliaque, Crohn, RCH).
  • Traitement hormonal en endocrinologie (hypo ou hyperthyroïdie, Cushing, SOPK, prolactinome).
  • Traitement du SOPK avec alopécie androgénique et/ou acné : spironolactone (rôle antiandrogénique) et drospirénone.
  • Traitement contraceptif adapté : jamais d’androgénique (optimizette=désogestrel), choisir les pilules avec drospirénone seul (slinda) ou combiné estroprogestative avec drospirénone (jasmine, yaz, jasminelle).
  • Traitement substitutif de la ménopause avec estrogène et progestérone et lotion antichute avec minoxidil 3% et progestérone en préparation magistrale à appliquer 2 fois par semaine.
  • Traitement du trouble anxio-dépressif ou du burn out : IRS (fluoxétine 20, sertraline 25) afin de faire cesser la stimulation des récepteurs au cortisol sur le follicule, de plus la chute de cheveux est dépressogène et anxiogène.
  • Traitement du trouble de sommeil (appareillage pour SAS, mélatonine, GABA).
  • Traitement de carences en micronutriments : B9 B12 D FER ZINC IODE MAGNESIUM B5 A E collagène.
  • Traitement phytothérapeutique : gatillier alchemille (seulement pour la femme), saw palmetto, roquette, prêle.
  • Toute perte de cheveux quelle que soit sa cause, aura pour traitement synergique avec l’allopathie, des séances de mésothérapie avec les oligopeptides facteurs de croissance du cheveu.

L’injection de produit de facteurs de croissance
+/-méso hair vitamines

Le déroulement des séances de mésothérapie se pratique sur le cuir chevelu sec et propre. Les micro-injections se font avec des aiguilles de mésothérapie de 30 Gauges (ou 33 G) à l’aide d’un pistolet de mésothérapie pour couvrir tout le cuir chevelu à raison d’une séance toutes les semaines ou tous les 15 jours. On programme 5 séances. Le patient ne se lave pas les cheveux jusqu’au surlendemain de la séance. Il utilise un shampoing avec des plantes et principes actifs antichute et nutritifs.

Après les 5 séances, le patient peut s’il le souhaite poursuivre les séances sous forme d’entretien une fois par mois et/ou poursuivre lui-même les séances avec l’aide d’un roller à la maison.
Certains patients souhaitent « mettre tout de leur côté » pour traiter leur chute de cheveux ». Je leur conseille d’acheter un casque laser et LED rouge pour stimuler les fibroblastes (en boostant l’IGF1), le collagène et la régulation du sébum à utiliser 3 fois par semaine. L’investissement de l’appareil (comptez entre 600 et 1000 euros) est rapidement rentabilisé au vu du prix des séances en clinique. Appareil que le patient pourra utiliser en entretien pendant une dizaine d’années.

En pratique, nombreux sont les patients qui se plaignent d’une chute de cheveu chronique, inexpliquée, et dépressogène. Nombreux sont également ceux qui après avoir arrêté la mésothérapie efficace sur le moment (ou le fameux minoxidil) reperdent leurs cheveux quand ils arrêtent. C’est un peu comme pour un « yoyo » dans la gestion du surpoids dont on n’aurait pas recherché la cause, traitée simplement par une réduction calorique sans médicament adapté.

Les cheveux reflètent la « santé intérieure » et c’est la raison pour laquelle, sa chute ou son affinement doit en faire rechercher la cause médicale pour la traiter de façon globale et optimale.

POUR RAPPEL

Il y a 3 phases de croissance, anagène, catagène et télogène dans la vie du cheveu, ou devrait-on dire dans la vie du follicule pileux du cheveu. Ce programme est d’origine génétique. Ainsi, il y a de fortes chances (ou mal-chances) d’avoir les cheveux de sa lignée ! On parle d’ailleurs plus précisément de cycles aléatoires de vie pilaire à savoir qu’il y a 2 phases à l’origine de la permanence du cheveu : la phase stable active ou anagène et la phase stable dormante ou telogène. Les transitions rapides entre ces 2 phases correspondent à l’involution (catagène). Le cheveu est alors expulsé et le follicule se retrouve vide et en latence durant 2 mois à un an. Ces phases de transition dépendent de l’équilibre entre les différents facteurs catagènes et les facteurs inducteurs de la pousse de cheveux.

L’interleukine6, cytokine pro inflammatoire est ainsi connue pour induire la régression du follicule. Un corps moins « inflammé » a une papille dermique non inflammatoire et propice à la repousse.
Cependant, et en dehors de tout facteur génétique, le follicule va être soumis à des facteurs exogènes qui vont impacter sur sa santé globale.

Les stimuli sont nombreux à jouer un rôle dans la santé de la peau et des phanères : la déshydratation, la cosmétique agressive, les coiffures avec traction, la pollution, le climat, le statut hormonal (puberté, grossesse, accouchement, allaitement, syndrome prémenstruel, ménopause, andropause), les facteurs inhérents au mode de vie (tabac, alcool, drogues illicites, sodas, excès de sucre) et certains médicaments sont des facteurs pouvant être des déclencheurs de la chute de cheveux et à juste titre abordés en consultation. De plus, les cellules de la peau et de la glande folliculaire sont des organes interconnectés avec le système nerveux via ses récepteurs au cortisol. On comprend alors mieux l’impact du stress aigu ou chronique qui en élevant la production de cortisol par les surrénales vont agir sur l’affinement du cheveu. Ne dit-on pas d’ailleurs et à juste titre « se faire des cheveux » !

INTÉRÊT NUTRITIF

La nutrition et la micro-nutrition sont les piliers indispensables à une belle chevelure, avec un apport suffisant en protéines pour fournir les acides aminés essentiels à la synthèse de kératine, collagène du cheveu, et son muscle ; le muscle arecteur du follicule. En découle également avec l’apport des sucres glycanes, la synthèse d’acide hyaluronique, composant naturel des phanères. Les lipides vont quant à eux être nécessaires à la barrière protectrice de la peau et de la gaine du cheveu, ainsi qu’à son hydratation via le glycérol.

La nourriture apporte les vitamines et oligoéléments antioxydants qui ont chacun une fonction dans le métabolisme contribuant à donner une structure forte au cheveu (zinc, fer, sélénium, C, E, groupe B) et luttant contre la fatigue globale de l’organisme.

 

Par le Docteur Alexandra Dalu
Médecin anti-âge. Mésothérapie. Nutrition. Membre de la Société Française d’Endocrinologie.
Auteur de deux livres à succès : « Les 100 idées reçues qui vous empêchent d’aller bien »
et « Vive l’alimentation Cétogène!”
Plus d’informations sur alexandradalu.com

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