Par le Dr Jean-François Bezot et Diala Tufenkji 

Les troubles digestifs, certaines manifestations cutanées ou la fatigue chronique (premiers signes de souffrance humaine en ambulatoire), peuvent trouver leur origine dans la présence d’anticorps (IgG totaux), dirigés contre certains aliments dans le sang, indiquant que ces antigènes alimentaires ont traversé la barrière intestinale et que le système immunitaire (SI) protecteur lié à la muqueuse tente de les combattre.

L’intolérance alimentaire (IA) se produit lorsque l’organisme n’est pas capable de digérer proprement un aliment et d’éviter son absorption. La « malbouffe » est mauvaise, on le sait mais même la bonne nourriture saine, peut être source de « mal être  ». Le blé, les produits laitiers et les fruits à coques, seront les plus communs à produire une défense immunologique à IgG pathologiques, mais un bon nombre d’aliments les plus variés peuvent affecter un patient.

Dans cette société de stress, nous mangeons trop vite, nous buvons en mangeant, nous parlons à table, nous ne mastiquons plus et la denture des seniors n’est pas la plus carnassière. La première étape de la digestion des aliments est l’attaque préliminaire de l’analyse salivaire au cœur de l’aliment. Sans présentation au cœur, l’aliment mal digéré conservera des déterminants antigéniques, ce sera un corps étranger. Comme nous mangeons 2 à 3 fois par jour, le corps étranger le plus fréquemment rencontré dans notre corps n’est pas la bactérie, le virus, le parasite, mais l’aliment mal digéré. Ces aliments mal digérés, détruits par notre SI, mais mémorisés, vont lors d’une ingestion répétée et continue, « stresser » de nouveau notre SI, créer ou majorer une inflammation locale, qui va s’auto-entretenir et s’amplifier par la répétition des prises. 

La mémorisation antigénique fait que par la suite, la consommation d’aliments de même nature va entrainer une cascade de réactions de défense, engendrant un stress permanent pour le SI avec une inflammation chronique et dépôts des complexes immuns (Ag-Ac) formés circulant  non physiologiques dans les tissus du tractus gastro-intestinal (colites), vésical (envies pressantes d’uriner), des voies respiratoires (otites, sinusites, sources de migraines), des articulations (arthrites), des tendons (tendinites), du derme (certaines formes d’eczémas ou de psoriasis). Les perturbations s’exprimant dans le meilleur des cas, sous la forme de troubles fonctionnels, les maux chroniques qui peuvent nous polluer la vie jusqu’au pire, c’est-à-dire sous la forme de maladies auto-immunes. Le problème est que ces IA produisent une gamme de symptômes qui peuvent facilement être attribués à d’autres causes.

Le bilan systématique en Médecine P4© est ainsi largement préconisé (www.biopredix.com).

« Que ta nourriture soit ton médicament… » (Hippocrate – 370) alors que ce médicament soit un soin de santé personnalisé, défini par une simple prise de sang et son bilan de tolérance alimentaire. Le délai de rendu est inférieur à la semaine de jours ouvrables. La grille de lecture de ces profils est rapide et agréable. Le rendu est propre et net. Ils permettent de définir un cadre nutritionnel efficace pour inciter le patient à adopter une alimentation et un style de vie sains. Les IA changent donc parce que vous avez été testé positif pour un aliment aujourd’hui, cela ne veut pas dire que vous allez être sensible pour le reste de votre vie, surtout si c’est une légère intolérance. En cas de faible réactivité IgG, et en présence de troubles, il sera judicieux d’explorer la réponse immunitaire par le dosage pondéral des IgG et/ou par une électrophorèse des protéines sériques.

Comment élimine-t-on les INTOLERANCES ALIMENTAIRES  ? 

L’élimination des IA implique plusieurs dimensions du soin.

1 . Un régime d’élimination

Il faudrait idéalement éliminer à 100% toutes les sensibilités sévères et modérées pendant 18 mois. Les aliments « faibles » peuvent probablement être consommées occasionnellement (1 à 2 fois par semaine), mais pas tous les jours. La bonne nouvelle, c’est que si l’on parvient à éliminer d’un coup ses IA les plus graves et que l’on donne la priorité à l’apaisement du SI et à la guérison de toute perméabilité intestinale dans l’intervalle, il y a de fortes chances pour que l’on puisse réintroduire tous ces aliments ou presque sans effets à l’issue du traitement. 

2 . Rétablir une paroi intestinale saine

Pendant ce régime d’élimination, il est essentiel de s’attaquer aux causes profondes de ces réactions immunitaires excessives. Si le patient a beaucoup d’intolérances sévères et que la plupart impliquent des aliments qu’il consomme souvent, il est probable qu’il présente une perméabilité accrue (le « leaky gut » anglo-saxon).

Malheureusement, cette situation n’est pas rare, étant donné notre penchant pour l’utilisation abusive d’antibiotiques et d’analgésiques, la carence en vitamine D, l’intoxication aux métaux lourds (mercure,…) et le stress chronique – tous potentiellement très dommageables pour l’intestin. Il est important de guérir cette perméabilité excessive tout en éliminant les aliments, sinon le patient risque de développer une série d’intolérances aux nouveaux aliments qu’il choisit (cycle frustrant).

Il est recommandé d’envisager toutes les étapes suivantes :

  • Prise de L-glutamine pour aider à guérir les jonctions serrées des villosités de l’intestin grêle. La quercétine est également utile à cet effet. 
  • Vérifier sa vitamine D (une vitamine D faible favorise une perméabilité intestinale accrue) et faire le plein de magnésium nécessaire pour convertir la vitamine D en sa forme utilisable par les cellules. 
  • Eviter complétement de manger du gluten, même s’il ne figure par sur la liste des intolérances. Chez certaines personnes, le gluten peut favoriser une augmentation de la perméabilité intestinale par la sécrétion accrue d’une protéine appelé Zonuline. 
  • Eviter les aliments épicés, le café et de fumer, tout ce qui peut irriter la muqueuse intestinale. 
  • Stopper les boissons gazeuses.
  • Réduire l’alcool (vins, bières, champagne) source de dysbiose intestinale.
  • Boire de l’eau plate en abondance, mais pas plus d’un verre lors de repas.
  • Nous ne sommes pas Un, mais un écosystème…prenons soin de notre microbiote (fibres et probiotiques seront au menu).
  • Et…bien mâcher vos aliments. 
  • Changer son mode de vie

Il faut bien évidemment évaluer et explorer en parallèle le sommeil du patient, son activité physique, l’insuffisance possible de nutriments (profil vitaminique (A, D, E,…)*, profil oligoélémentaire (zinc,…), son niveau de stress, son exposition aux toxiques et la dysbiose intestinale (microbiote). Nous devons modifier l’environnement global auquel nos systèmes immunitaires et nerveux réagissent si nous voulons qu’ils aient une réponse plus tolérante à nos aliments. Il ne suffit pas que d’éliminer les aliments !

Le rôle du coach santé consiste à aider le patient à trouver de manière créative des aliments alternatifs et sains qu’il pourra utiliser pour se nourrir pendant le régime d’élimination. Il l’aide à tenir lorsqu’il passe par des moments difficiles de frustration et lui rappelle que ce n’est pas « pour toujours », mais pour une période de guérison. Certains patients ont besoin d’un peu de temps et d’aide pour développer de nouvelles habitudes et de nouveaux choix, et nous sommes là pour les accompagner pendant cette période de guérison.

Dr Jean-françois Bézot : Biologiste médical. Docteur en pharmacie, Faculté de pharmacie de Paris. Ancien interne des Hôpitaux de Paris. Spécialisé depuis 1988 en biologie anti-âge et en protéomique fonctionnelle. Membre définitif de la Société Française de Médecine Esthétique. Conférencier international. Chargé de cours au DUMAA (Université Paris Créteil).

Plus d’informations: biopredix.com 

 

Diala Tufenkji : Coach santé Anglo-libanaise. Diplômée en nutrition intégrative (IIN, États-Unis), Diplômée en Médecine fonctionnelle appliquée (SAFM, États-Unis), Diplômée en Psychologie (Paris 8). Cofondatrice de la première plateforme à but non lucratif dédiée à la santé et au bien-être dans le monde arabe. Consultante santé et bien-être dans le milieu du luxe.

Plus d’informations : luxecalmesante.com

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