Par le Docteur Diba Abrar

Autrefois, les petites lèvres étaient nommées nymphes par comparaison avec les nymphes des mythologies antiques qui dirigeaient le jaillissement de l’eau des sources. Ainsi on a longtemps attribué aux petites lèvres l’usage de diriger le jet urinaire. Décrit pour la première fois en 1870, avant même l’ère de l’anesthésie par Jozan, la nymphoplastie était reservée encore il y a quelques années à des situations pathologiques.

L’hypertrophie des petites lèvres n’est pas une malformation congénitale mais une particularité du développement, elle ne s’observe jamais chez la petite fille mais apparait à la puberté.

Etiologie de l’hypertrophie des petites lèvres

Congénitales :

  • Antécédents génétiques
  • Impregnation hormonale pubertaire

Acquises :

  • Irritations mécaniques
  • Infection/inflammation chronique locale
  • Dermatoses secondaires aux incontinences urinaires
  • Lymphodème vulvaire
  • Hormones androgéniques
  • Etirement tribaux

Depuis l’explosion des magazines féminins, et l’omniprésence de mannequins à l’esthétique parfaite, on assiste à une préoccupation des femmes vis à vis de leur corps.

Avec la démocratisation des actes de chirurgie esthétique, parfois considérés comme une nécessité psychologique pour les patientes, tels que la rhinoplastie ou l’augmentation ou la réduction mammaire, on peut considerer que la nymphoplastie s’inscrit dans ce schema évolutif classique.

La vulve, lieu de l’intime et du sacré, a longtemps été cachée dans l’art occidental, par un drapé, par des cheveux (La naissance de Vénus, 1483, Sandro Botticelli) ou encore par une feuille de vigne dans la representation du péché originel (Adam et Eve chassés du paradis, 1426-1427, Masaccio). Cette pudeur n’avait pas cours pour les attributs masculins toujours représentés flaccides (David, de Michel Ange, 1501-1504). Et lorsqu’elle était offerte avec toute sa volupté aux spectateurs, (L’Origine du monde, de Gustave Courbet, 1866) elle était cachée par des poils.

Ces cinquante dernières années, nous avons assisté à une extermination totale des poils pubiens, passant de l’absence d’épilation au maillot brésilien, californien, “ticket de metro” pour ne laisser subsister que quelques poils qui ont tendance à disparaitre laissant une vulve sans poil de type épilation turco-musulmane.

Ce phénomène singulier a fait l’objet d’une etude très sérieuse dans “The Canadian journal of human sexuality” afin de connaitre les raisons principales de la suppression des poils pubiens parmi 660 femmes de la Colombie Britanique. Nous voyons que l’absence de poils est devenue au fil des années un critère de beauté, d’hygiène et de séduction. Cette vulve, autrefois cachée par les poils, va aussi se dévoiler peu à peu.

Les femmes qui demandent une nymphoplastie esthétique souhaitent que les petites lèvres soient cachées par le massif des grandes lèvres et ne dépassent pas la fente vulvaire “vulve de Barbie”. Les femmes n’acceptent plus cette ingratitude de la nature et ne veulent pas avoir des lèvres en forme de : ailes de papillon, oreilles d’épagneul, jabot, peloton.

Les motifs de demandes des nymphoplasties

L’étude des princepts du Pr PANIEL est l’étude de référence. Les motifs de demande de nymphoplastie se divisent en deux categories :

Gêne fonctionnelle :

  • Désagrément pour s’habiller (67%)
  • Inconfort dans la pratique de certains sports (26%)
  • Dyspareunie orificielle (43%)

Gêne esthétique :

  • Prejudice esthétique (87%)
  • Sexe trop voyant ou trop exposé
  • Vulve idéale (amies, partenaires indélicats)
  • Films pornographiques

Ces résultats sont en accord avec l’étude que nous avons réalisé sur 100 premières nymphoplasties.

La technique que nous avons utilisée est la technique longitudinale, décrite en 1984 par Hodgkinson modifiée par le Docteur David Matlock (membre fondateur du laser vaginal rejuvenation institute de Los Angeles).

L’age des patientes était compris entre 16 à 18 ans avec une médiane de 39 %.

Le degré de satisfaction des patientes jugeant que le résultat est excellent est de 94 %.

Et à la question : “si c’était à refaire le referiez vous ?” 96 % ont répondu positivement.

Les douleurs post opératoires sont minimes et aucune patiente n’a eu recours à des antalgiques de niveau II.

Dans notre étude, notre préférence va vers la technique longitudinale dont les avantages sont nombreux comme l’absence de reprise pour léchage de suture, une meilleure correction de l’asymétrie.

Cette technique permet l’exérèse du bord libre hyperpigmenté des petites lèvres .

La plaie est exsangue et par la même technique nous pouvons réaliser la résection des replies secondaires de part et d’autre du capuchon clitoridien.

L’inconvénient de cette technique chirurgicale est la longueur de l’intervention (entre 60-90 mn).

Les autres techniques chirurgicales de nymphoplastie de reduction que nous ne décriront pas sont :

  • La technique par évidement,
  • La technique par plastie en Z,
  • La technique par resection en secteur
  • La technique par lambeau d’abaissement.

La nymphoplastie n’est plus un tabou dans notre société mais reste encore méconnue du grand public.

Combien de femmes dissent ignorer l’existence de cette chirurgie et avouent qu’elles l’auraient fait plus tôt si elles en avaient eu vent.

Façonner son corps selon les critères esthétiques de son époque n’est pas nouveau en soi : corsets ici, petits pieds emmaillotés ailleurs, mais ici le chirurgien devient un acteur de cette obsession de la perfection.

Et si l’imperfection avait du bon ?

Parce qu’elle crée des ouvertures, qu’elle est dynamique, tandis que la perfection ou son impression, est peu souhaitable quand elle devient hors de proportion et qu’elle risque de déboucher sur la rigidité et le stress car parfaits, il faut le rester. Sur la solitude aussi, car parfaits, nous serions entourées d’imparfaits et au final beaucoup de tristesse.

Il ne faut pas que la femme libre d’hier devienne aujourd’hui l’esclave du bistouri du chirurgien.


Docteur Diba Abrar

Chirurgien Gynécologue. Membre associé du LVRL (laser vaginal rejuvenation institute de Los Angeles). Membre du GRIRG (groupe de recherche et innovation en restauration génitale). Diplôme d’université de troisième cycle médecine et chirurgie reconstructrice et plastique pelvi péritonéale.

Leave a Comment