Par le docteur Catherine de Goursac

Non, la médecine esthétique n’est plus l’apanage de la gent féminine ou des gays. Depuis quelques décennies, les hommes s’y mettent aussi.

Les hommes et la médecine esthétique

Oui, les hommes sont de plus en plus demandeurs de soins esthétiques et ces quelques chiffres parlent d’eux-mêmes. Lorsque je me suis installée comme médecin esthétique au début des années 80, ils comptaient pour 5% au plus de ma patientèle, dont 80% d’homosexuels dont la demande se rapprochait de celle des femmes. Les 20% d’hétérosexuels souhaitaient essentiellement effacer les marques de couperose, les taches pigmentaires et les cicatrices d’acné. Aujourd’hui, les hommes représentent près de 20% de ma patientèle et les proportions entre homo et hétéro se sont inversées. Autre différence notable, leur demande s’harmonise. A partir de la quarantaine, tous souhaitent avoir l’air plus jeunes, plus dynamiques, plus combatifs. Pour cela, ils me demandent de gommer les traces de fatigue que le temps installe inexorablement sur leur visage. Et à la différence des femmes, ce n’est pas tant pour séduire qu’ils viennent me voir, mais pour se donner un maximum de chances dans une vie professionnelle de plus en plus sélective et exigeante. Et contrairement aux idées reçues, ces messieurs sont beaucoup plus douillets et impressionnables que leurs compagnes et ne veulent pas consacrer beaucoup de temps à leur apparence. Ils refusent de souffrir et plus encore d’être obligés d’arborer pendant quelques jours les stigmates de leur passage au cabinet. En résumé, ils veulent des soins immédiatement efficaces, peu douloureux et n’entraînant pas d’éviction sociale. Mais alors que ces dames rechignent à payer le prix fort, ils ne s’inquiètent guère du coût des traitements proposés.

Les soins chouchous de ces messieurs et leurs spécificités techniques

Les hommes n’ont pas tout à fait les mêmes demandes que les femmes. De plus, leur peau n’est pas identique et leur morphologie non plus. Il est donc impossible de leur transposer les gestes que nous effectuons sur les hommes. Dans la plupart des cas, les produits sont identiques, mais pas les modalités d’utilisation. Explications.

La Toxine Botulique :

La forme des sourcils des hommes est plus rectiligne et plus basse sur l’arcade sourcilière. Il faut  donc bien faire attention à bien respecter sa forme masculine lorsqu’on injecte la toxine botulique. Sachez que dans la mesure où la peau masculine est plus épaisse que la peau féminine et que la musculature est plus développée, il faut prévoir une dose de toxine botulique deux fois plus importante chez l’homme que chez la femme. La bouche étant nettement moins tombante chez l’homme, il a moins besoin de la corriger. Les plis d’amertume sont nettement moins visibles et plus tardifs.

Gommer les traces de fatigue

Les hommes sont plus préoccupés de gommer les traces de fatigue de leur visage que d’effacer leurs rides. Les volumateurs sont donc mieux adaptés à leur demande car ils vont créer une vraie charpente capable de rehausser les traits. Une seule séance d’une demie heure suffit. Les cernes et la vallée des larmes comptent parmi les principales préoccupations de ces messieurs, ce sont les stigmates d’une vie stressée et fatiguante.

Quant aux sillons naso-géniens, ils les gênent également, mais il faut toujours les considérer dans l’ensemble « vallée des larmes-sillons naso géniens ». En effet, la perte de graisse va aggraver les sillons par affaissement du derme. On ne traitera donc les sillons naso-géniens que dans un second temps, après la mise en place des volumateurs dans la vallée des larmes. Autre avantage, la combinaison de ces deux types de fillers permet un effet plus durable.

 Les gestes les plus pratiqués en France (d’après notre expérience)

Acte  n°1 : L’épilation laser

La jeune génération demande une peau plus glabre que les hommes de plus de 45 ans.

1-    Redessiner la barbe : depuis la mode de la barbe de 3 jours, les hommes demandent de gommer les poils qui remontent jusqu’aux pommettes et ceux du cou, le dessin doit être net.

2-    Nettoyer les épaules et le dos sont monnaie courante surtout avant les beaux jours mais aussi l’abdomen et fréquemment les mains.

3-    De plus en plus les jeunes demandent une épilation de l’intersourcil afin d’éclaircir le regard et de débroussailler la partie inférieure du sourcil.

Chez les hommes matures, ils désirent nettoyer les oreilles et le nez. Ceux qui ont subit un lifting désireront  épiler l’espace entre les pattes et l’oreille (espace pré-tragien).

Acte n°2 : Les cernes

La correction des signes de fatigue étant une forte demande : les cernes sont une préoccupation grandissante. Les cernes creux seront comblés à l’acide hyaluronique fluide et peu hydrophile. L’effet est instantané et dure un an en moyenne. Les cernes colorée, qu’ils soient bleus-violets dus à une peau trop fine où la vascularisation fragile se voit par transparence ou qu’ils soient de couleur bistre/marron dus au dépôt de pigment de mélanine, le traitement se fera dans les deux cas par la carboxythérapie qui consiste à injecter du gaz CO2 qui se transforme in situ en O2. Cela revient à une hyperoxygénation qui boostera la micro-vascularisation dans le premier cas et la détoxification dans le second cas. 4 à 5 séances sont nécessaires.

Acte  n°3 : Rehausser les traits

Les volumateurs sont plus appropriés aux hommes que les fillers de comblement simples, ils désirent plus une restructuration que l’atténuation des rides. Ces volumateurs sont des acides hyaluroniques compacts fortement réticulés et vont permettre de redrapper les tissus cutanés de la partie médiane/supérieure du visage

Acte  n°4 : La Toxine Botulique

Ce geste correspond bien aux protocoles masculins : ceux-ci désirent des traitement one-shot, sans maintenance répétitive. En outre, la toxine botulique permet  la correction d’expression désagréable : marques d’anxiété ou de mécontentement du front. Les rides ne sont pas leur motivation première.

Soin n°5 : La couperose

Celle-ci a une connotation mauvaise pour l’image de marque car elle renvoie à l’alcoolisme, les hommes ne supportent pas de laisser quelques marques vasculaires sur le visage, ils veulent avoir une peau nette. Or ils font souvent des sports de plein air et les intempéries agressent la peau et « font claquer » les vaisseaux à l’instar des montagnard ou des marins qui ont une peau burinée avec les années.

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